OS190: Elle survivra

247 11 10
                                    

Cette courte histoire a lieu presque trois ans après le mariage d'Astrid et Harold (Dragons 3)

Debout devant le hublot de la salle à vivre de sa hutte, Astrid Haddock était en train de regarder la neige tomber dehors, son minuscule bébé blotti dans une couverture entre ses bras.
La toute petite créature ralotait en respirant difficilement sous l'oeil inquiet de sa douce maman qui n'avait de cesse de caresser sa tête dépourvue de cheveux. Lorsque le bébé se mit à pleurer de peine, la blonde la berça doucement tout en commençant à faire nerveusement les cents pas dans la pièce.

-Tout va bien ma petite, tout va bien. murmura-t-elle tendrement à sa fille.

Mais au fond d'elle, la jeune mère savait qu'elle mentait. Tout n'allait pas bien, au contraire, tout allait mal. Le bébé qu'elle tenait serré contre elle était bien trop frêle, bien trop petit, bien trop fragile.

"Jamais elle ne passera l'hiver."

Voilà l'une des premières phrases qu'Harold avait prononcé en voyant leur si petite fille. Zéphyr était venu au monde bien trop tôt, presque un mois avant le terme. Et plus le temps passé, plus Harold pensait qu'elle allait mourir du rude hiver dans lequel l'île était plongée. Mais Astrid, elle, gardait espoir. Terriblement attachée à cette enfant qu'elle avait mise au monde, elle passait ses nuits et ses jours près d'elle à la bercer, la nourrir, calmer ses crises, essayer de lui faire prendre des forces. Mais la situation semblait désespérée. La petite Zéphyr restait toujours aussi maigre, fragile et sensible. Chaque courant d'air la faisait éternuer, chaque bruit lui faisait mal aux oreilles, chaque minute risquait d'être sa dernière sur terre.

-Ho mon petit ange ! s'exclama tristement Astrid en posant les yeux sur la minuscule créature à la peau rosie de froid.

Elle l'enroula un peu plus dans l'épaisse couverture en poil de yack qui la protégeait du froid tout en lançant un coup d'oeil inquiet par le hublot. Entre ses bras, Zéphyr finit par se calmer, trop fatiguée pour pleurer d'avantages. Après un ultime pas nerveux, la blonde se laissa tomber dans un des fauteuils de la pièce, installé face à la cheminée allumée d'où se dégageait une douce chaleur.

-Tu as faim petite chose ? demanda-t-elle à la petite en la sentant s'agiter contre elle en vagissant.

La mère poule s'empressa de déboutonner son haut pour laisser sa fille manger. Mais comme à son habitude, le bébé ne téta pas plus de quelques instants et relâcha bien vite le sein de sa mère qui la regarda avec tristesse. Si elle ne parvenait pas à manger plus, elle ne pourrait pas grandir et cela pourrait lui être fatal. Le cœur lourd, Astrid refermait son chemisier au moment même où la porte d'entrée s'ouvrait sur un Harold recouvert de neige. Le brun se débarassa de sa cape et de sa botte avant de rejoindre son épouse dans la salle à vivre. Il sentit son ventre se nouer en la trouvant assise dans son fauteuil, encore une fois en train de veiller sur leur fille.

-Tout va bien ma chérie ?

Il se pencha vers la blonde et l'embrassa doucement tout en évitant soigneusement de regarder le bébé blotti contre elle. Il ne supportait plus la présence de ce nourrisson mourant dans sa hutte.

-Arrêtes de faire comme si elle n'existait pas. souffla Astrid, l'air affreusement malheureuse du comportement de son mari.

Ce dernier lança un coup d'oeil nerveux à la couverture qu'elle tenait contre elle avant de reposer le regard sur elle.

-Tu ne devrais pas t'occuper d'elle ainsi, Astrid. C'est une...perte de temps et d'énergie.

Profondément blessé par ces cruels propos, la jeune femme étouffa un sanglot tout en caressant le dos de sa fragile fille.

I love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant