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"À chaque fois, que je me rapproche de toi, quelque chose de mal arrive."

-Dinah Duval.


Point de vue Ken Samaras

La vie a un sens de l'humour bien à elle. Aigre-doux. Ce qu'elle te donne, elle peut te le reprendre d'un instant à l'autre. D'une seconde à l'autre. J'étais persuadé d'en avoir suffisamment bouffé de l'aigreur. Qu'il était temps pour moi de profiter de sa douceur. Et sans m'en vanter j'ai fait le taff pour. Des heures de thérapie de couple, des pages et des pages mots pour transcender mes maux , des kilomètres de bitume parcourus pour me retrouver. Des nuits entières sans sommeil, des instants d'angoisses sans commune mesures.

Et puis la fin du chemin. La lumière qui apparaît. Je n'ai pas fait que l'apercevoir cette lumière, je l'ai effleuré du bout des doigts. Ça a suffi pour que je prenne confiance, pour que je me persuade que j'y étais, c'était le moment de la douceur.

Elle n'a pas fait que revenir, elle a mis fin aux nuits sans sommeil, elle m'a donné mes enfants. Le début de la douceur, de l'effleurement de la lumière. J'ai commencé à baisser ma garde à ce moment là, c'était trop en une seule fois pour ne pas, que je me fasse avoir. Trop de bonheur, après les inquiétudes liées à sa grossesse. Les aliens étaient vivants et en bonne santé, elle aussi. Finalement, je n'ai pas fait que l'effleurer la lumière, je l'ai goûté suffisamment pour y prendre goût, pas assez pour être rassasié.

J'étais parvenu à mes fins, elle était là avec moi. On allait y arriver, envers et contre nous. On n'avait pas le choix de toute manière. Nous deux c'est définitif, on a pris perpétuité comme elle aime tant dire. Ouais c'était fragile, il y avait plein de trucs qu'on avait pas eu le temps d'évoquer. Les problèmes qu'on avait avant qu'elle parte, ceux que nous pourrions avoir avec son retour. Son départ m'a abimé, le genre de truc dont tu ne ressors pas indemne. Je la voyais déjà, cette boule dans mon estomac, la peur qu'un matin elle ne soit plus là à mon réveil. Ça on l'a évoqué et clairement, elle ne m'a pas rassuré. Par moments, je regrette son incapacité à mentir. À quoi bon me promettre qu'elle ne me quittera si, elle ne peut pas me promettre de rester ?

La réalité me rattrape de plein fouet. C'est le retour de l'aigreur. C'est même pas encore de l'aigreur parce que je comprends pas ce qui se passe autour de moi. J'arrive pas à la comprendre cette réalité qui se présente sous mes yeux. Je comprends pas comment d'une seconde à l'autre les choses peuvent basculer de cette manière. Pour une simple migraine.

Il avait simplement mal à la tête.

Comme l'ensemble des femmes de la bande elle m'impressionne. Billie est très efficace dans la panique. Son cerveau a tourné vite alors que le mien est resté figé. Elle a appelé un médecin qui a confirmé ce qu'on avait déjà compris. Je lui ai parlé des migraines, justement. Il nous dit qu'il s'agissait sans doute d'une rupture d'anévrisme mais qu'une autopsie serait nécessaire pour le confirmer. Puis les choses sont allées encore plus vite, ils ont pris son corps et puis un gars qui fait aussi partie du Cedar Groupe nous a demandé de ne rien dire. Sauf a Dinah. Quelqu'un doit le dire à Dinah, mais pas n'importe qui. Moi.

Je pousse la porte et la retrouve exactement comme je l'ai laissée. Sur le tapis elle joue de la musique aux garçons à l'aide d'un synthétiseur posé sur ses genoux.

-Dinah.

Elle me regarde à peine reprenant son activité.

-J'essaye de leur apprendre les notes. Tu te souviens de ma pote Camille ? Elle a l'oreille absolue j'me suis dit que ce serait cool que les gars l'aient aussi.

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant