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« Putain,  par moments tu me rends ouf .  Tu vois pas que j'essaye de t'aider »

Ken Samaras-Duval

Point de vue Dinah Duval.

Quand la porte s'ouvre à nouveau mais cette fois sur Ken, j'ai la sensation de l'avoir attendu pendant des heures. L'inquiétude que je lis dans son attitude, pèse des tonnes sur mon coeur. Naturellement je me redresse pour me tendre dans sa direction et m'exclame pour le rassurer.

-Je suis ok, promis je suis ok.
-Je tellement désolé, il répond en me prenant dans ses bras. J'ai rien vu, je pensais que t'allais bien je... J'aurais dû être plus attentif ...

Même si je ne comprends pas où il veut en venir, je resserre la prise que j'ai sur son corps, pour me laisser envahir par son odeur. Parfois, je me demande comme c'est possible d'aimer quelqu'un autant que je l'aime, ce moment en fait partie. C'est comme si je pouvais le sentir dans tous les pores de ma peau. Sa main posée à l'arrière de mon crâne, crée des frissons dans tout mon corps, mon  coeur se soulève. Mais le noeud ne disparaît pas. Il ne disparaîtra pas parce que inconsciemment, je fais tout de même attention à ce qu'il murmure à mon oreille.

-On va te trouver une clinique sympa, près de la mer comme la dernière fois. Ça t'avait plu la Bretagne non.
-Mais qu'est-ce que tu racontes, je lui demande en m'écartant un peu brusquement.
-C'est pas grave Dinah, j'irais avec toi chez le psy, je viendrais te voir tous les jours s'il le faut.
-Tu penses que j'ai essayé de me tuer ?
-C'est pas grave je te dis, on est beaucoup plus fort que la dernière fois.
-J'ai pas essayé de me tuer
-Si c'est pas le cas, comment t'explique qu'il n'y a pas une seule marque de freinage sur le lieu de ton accident.
-T'es sérieux ?

Mon ton est devenu glaçant ce qui indique que je suis sur le point de m'énerver. Le côté dépressive, j'ai déjà attenté je  l'ai jamais caché, plus que ça je l'assume. Merde ça fait partie des trucs sur lesquels on bosse au quotidien pour faire fonctionner notre relation.  Je peux comprendre les doutes de Ken, mais y'a un détail qui m'empêche de prendre sa réflexion avec calme.

-T'es au courant que je suis enceinte.
-Ouais, je suis au courant. Crois-moi, là, je fais mon max pour tenter de comprendre comme t'as pu faire un truc pareil alors que t'es enceinte, et que tes gosses t'attendent à la maison.

À ce moment-là, il n'est plus question de garder mon calme, ou de tenter de lui faire comprendre mon point de vue. C'est une attaque frontale qu'il vient de me faire et après des années de relations, des mois de mariage, il n'est toujours pas question que j'accepte ses coups sans broncher. C'est se foutre de ma gueule et je suis toujours pas encline à entrer dans ce mode.

Ma mâchoire se serre si fort, que j'en aie presque mal, surtout elle m'empêche de lui répondre, comme si elle avait conscience que c'est mieux si je ferme ma gueule. Je me retourne dans le lit pour ne plus lui faire face et montrer à quel point je désapprouve ces propos. Ouais, c'est gamin comme comportement et ouais j'en ai parfaitement conscience, mais d'un autre côté c'est le seul moyen que je trouve à l'instant pour exprimer mon mécontentement.

-Aide-moi Dinah, il tente de me faire réagir. Je suis le premier à vouloir dire aux médecins qu'ils se plantent et que t'as pas tenté de te suicider, mais t'as un passif et y'avait pas une seule marque de freinage sur le lieu de l'accident.
-Jusqu'à preuve du contraire, j'ai pas à me justifier devant toi. C'est quoi le plan, me lâcher dans un quelconque hôpital, histoire qu'il me drogue jusqu'à ce que je ne me souvienne plus mon nom ? Allez vous faire foutre.
-Putain, par moments tu me rends ouf. Tu vois pas que j'essaye de t'aider ?
-Ouais, et je t'ai dis que j'avais pas essayé de me suicider. Tu prends ou tu laisses.

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant