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"T'es descendu tellement bas dans mon estime. Tu peux que remonter."

-Dinah Duval


Point de vue Dinah Duval.

Il fume une cigarette les coudes appuyés sur la rambarde. Il est beau comme ça. Le visage tourné vers le ciel, mais la tristesse dans son regard semble infini. Je les connais par cœur ces regards, il n'y est pas seulement triste, il est vide. Le voir ainsi est la chose la plus dure à laquelle il m'a été donné d'assister. Je l'aime d'amour. C'est pas ça ce que je veux pour lui. Je prends une grande inspiration avant de m'appuyer sur la rambarde de la même manière que lui.

-Sauter d'un pont ?

Ma voix est faible. Rien que le dire, me donne la nausée. Notre présence sur ce balcon, me rappelle des centaines de soirées. C'est presque toujours sur des balcons que nous avons nos conversations les plus sérieuses.

-Je te ramène chez toi, il dit en balançant son mégot par-dessus la barrière.

Il se redresse sans me regarder et entre à nouveau dans le salon. De toute évidence, nous n'allons pas avoir notre conversation à cœur ouvert sur ce balcon. J'entre dans le salon à sa suite, il a déjà récupéré ses affaires et m'attend dans le couloir de l'immeuble.

Merci Mekra pour me l'avoir mis de bonne humeur juste. Tu viens de rendre ma vie tellement plus facile.

-Soit pas trop dur avec lui, me glisse Framal alors que j'attrape ma banane abandonnée sur une chaise.

-Pourquoi est-ce que je serais dur avec lui ?

Il hausse les épaules. Quand est-ce que j'ai été dur avec Ken ? Dans l'histoire de notre relation, je n'ai pas la sensation d'avoir été difficile. Peut-être pas toujours honnête et encore moins stable. Mais difficile ou dur ? J'en doute. C'est pas mon credo ça. Je secoue la tête, dit au revoir aux personnes présentent avant de rejoindre le beau gosse du rap français.

La berline n'est pas garée très loin de l'appartement des Lellouche. C'est toujours étrange de voir Ken derrière un volant. Conduire, c'est loin d'être son activité préférée. De toute manière, sa conduite précautionneuse est tellement chiante que personne ne veut monter dans la voiture quand s'est lui qui conduit.

-Je peux entrer dans ton parking ?

-Ouais, ma place est libre.

Il enclenche son clignotant pour prendre la rue menant au parking souterrain. Descendant de la voiture, nous prenons le chemin de l'ascenseur en silence. Le moment n'est pas agréable, je peux l'entendre réfléchir de là ou je me trouve. Je ne parviens pas à déchiffrer son état actuel, et dans le même temps je ne parviens à déchiffrer le mien. Ce que Mekra a dit... Je peux pas faire comme si je n'avais pas entendu, mais dans le même temps... Je ferme les yeux alors que le tig retenti annonçant notre arrivée à bon étage.

J'ouvre la porte de l'appartement, et m'écarte pour le laisser passer. Il a un moment d'hésitation :

-Un problème ?

-Non, c'est bon, il répond avant d'entrer.

J'entre à mon tour et ferme la porte derrière moi.

-Tu veux boire quelque chose ?

Ma question le sort de sa contemplation des murs du salon, il acquiesce d'un mouvement du menton.

-J'ai pas grand chose. Je me suis réinstallée aujourd'hui, du coup, j'ai acheté le minimum vital.

-Chez toi le minimum vital, c'est un pack de bière et une boite de thé ?

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant