031

979 88 17
                                    


"T'as rien vu, rien entendu, tu remontes dans ta caisse et tu dégages"

-Hakim Akrour


Point de vue Ken Samaras.

Mon coeur bat vite. Trop vite. Je sens mon pouls cogner contre mes veines mais ça ne m'arrête pas. Rien ne peut m'arrêter. Après avoir enfin atteint le bitume du trottoir, je me mets à courir sans même enregistrer la direction que je prends. Je fuis, loin d'elle, des images qui envahissent mon cerveau, loin du dégoût qu'elle crée en moi. Elle me dégoute. Alors je cours, comme si je pouvais échapper à ma colère.

Comme elle a pu faire ça ?

Des mois pour ne pas dire des années de culpabilité pour découvrir qu'elle ne vaut pas mieux que moi, pour comprendre que comme j'ai toujours pensé, elle ouvre les jambes dès que ça lui semble confortable. Je la déteste. Non, pire que ça, je la hais, elle et son Marcus Saint Exupéry.

Putain de merde, comment est-ce qu'un truc pareil a pu arriver ? Comment est-ce qu'elle a pu faire ça. Je ne comprends pas, je ne veux pas comprendre, je ne veux pas les détails scabreux qui l'on conduit à se taper un autre mec alors qu'on était ensemble. Alors que j'étais en France persuadé d'avoir endommagé notre relation avec ma jalousie à la con. J'avais raison de me méfier, j'aurais pas dû abandonner ma première impression, les meufs que tu récupères en soirée, faut les laisser en soirée. J'ai voulu faire le mec ouvert d'esprit, je peux m'en prendre qu'à moi-même. L'ouverture d'esprit c'est la plus grosse connerie de ce siècle, ça et la bienveillance, les gens sont méchants, les gens ne cherchent que leur propos intérêt, là où ils peuvent en tirer un avantage.

Elle aussi.

Je suis sûr qu'elle s'est bien marrée à me voir ramper à ces pieds comme un con pour qu'elle me reprenne. Si ça se trouve, elle se le tape encore ce gars, lui et peut-être même son Ash Kidd, ouais parce que qui écrit un son pareil sur une meuf qu'il ne se tape pas hein ?

Je m'attendais à tout de sa part, je peux tout comprendre de sa part, c'est Dinah, elle est .. elle est... Tout, mais pas ça. Pas un autre gars. Pas maintenant.

Je perds la tête. J'ai que ça comme explication, soit je deviens fou soit c'est pas la réalité. Il n'est pas 1 h du matin et je ne suis pas dans la rue à courir comme un demeuré. C'est une dimension parallèle.

Je finis par traverser la rue sans regarder. La voiture qui arrive rapidement dans ma direction et obligée de freiner brutalement et s'arrête à quelques centimètes de mes jambes. Le conducteur baisse sa vitre et commence à m'invectiver :

-Oh tu peux pas regarder quand tu traverses ?

D'un geste brusque je tape sur le capot avant de lui répondre avec violence.

-T'as un problème toi.

Je monte au créneau immédiatement, la colère semble s'écouler comme des vagues que je ne peux pas retenir.

-Sors de la voiture et viens me le dire si t'as un problème.

La portière s'ouvre et le type commence à s'approcher de moi. Le monter en l'air. C'est ce que je vais faire parce que c'est ce qu'il mérite, et que peut-être après j'y verrais plus clair. Il n'a pas le temps de dire un mot que je l'empoigne par le col de sa doudoune et le plaque contre sa caisse de merde.

-Je vais te mettre mon poing dans la gueule tu vas pas comprendre.

-Mais t'es pas..., il commence à bégayer avec surpris.

-Je suis personne t'entends, t'es qu'une sale merde, et tu vas pas me faire chier.

Ça n'a même pas de sens ce que je raconte parce que je contrôle plus rien de ce qui sort de ma bouche, je contrôle plus ce qui se passe autour de moi. Et je l'aurais fait, je lui aurais mis mon poing dans la gueule plusieurs fois même, mais un bras travers mon corps et me force à reculer avec force.

-T'as rien vu, rien entendu, tu remontes dans ta caisse et tu dégages, s'exclame avec froideur Hakim en s'interposant entre nous. Maintenant, il insiste avec plus de force.

Hakim est du genre bien plus impressionnant que moi. L'hésitation du mec et sur le point de faire vriller, un peu plus, mais encore une fois mon reuf m'empêche d'approcher

-T'as qu'une sale merde, je me sens obliger d'ajouter alors que je gars fini par monter dans sa voiture

-Ça va pas bien toi, s'exclame Hakim en me repoussant. il se passe quoi, si j'arrive pas à temps pour te stopper hein ? Tu lui casses la gueule et pourquoi ? Parce que comme un connard t'as pas regardé avant de traverser.

Il me regarde à peine avant de monter dans sa bagnole. Je commence à reculer de manière à façon à m'éloigner de sa voiture. J'ai pas envie de voir sa gueule, ni celle de personne d'ailleurs.

-Monte dans la voiture Ken, il commence en me suivant au pas. Il caille, j'suis claqué, j'ai pas envie de négocier avec toi, ou de te chercher toute la night.

Je fais genre je l'entends pas, continuant à avancer, sans prendre en compte sa remarque.

-Si tu montes pas, j'appelle Inès et tu te débrouilles avec elle.

Inès lâchera pas l'affaire, elle va vouloir que je lui parle, que je lui explique pourquoi je suis dans cet état. Elle va surtout me rappeler que moi aussi je l'ai trompé. J'ai pas envie de l'entendre, je préfère juste me complaire dans ma colère. C'est elle qui m'empêche de sentir la peine qui se cache derrière.

D'un geste un peu violent, j'ouvre la portière et monte côté passager. Sans un mot, Hakim accélère et il ne me faut que quelques minutes pour comprendre que nous nous dirigeons vers chez lui. La réalisation me rassure, je ne veux pas la voir. Je ne veux pas l'entendre, mais je ne peux pas m'empêcher de lui demander :

-Elle a dit quoi ?

Parce que je sais qu'avant de partir à ma recherche il était à l'appartement, je sais exactement ce qui a dû se passer. Hugo a dû être dépassé les événement et a dû appeler Hakim en renfort, parce que c'est ce qu'on fait dans la plupart des cas dans les situations de crise, on l'appelle lui ou Inès.

-Elle sait pas.

Un ricanement froid sort de ma gorge sans que je puisse le contenir. Comme si elle pouvait répondre autre chose que « je sais pas », c'est sa réponse préférée avec « je sais pas quoi te dire » et j'entends sa petite voix me le dire, et je peux sentir ma colère prendre une nouvelle force. Elle ne peut pas ne pas savoir. Soit, elle a baisé avec ce gars, soit elle n'a pas baisé avec ce gars, comment est-ce qu'elle ne peut pas savoir ? C'est des conneries. C'est Dinah.

-Pas trop bruit dans l'appart, dit Hakim alors qu'on arrive devant sa porte d'entrée. Les petits dorment et Billie aussi.

Je hoche la tête, puis le suit dans l'appartement un fois qu'il a ouvert la porte. D'un geste il me fait signe de le suivre dans la cuisine. Il sort de son placard, ne bouteille de Hennecy ainsi que deux verres avant de prendre place autour de la table. J'accompagne le mouvement en m'installant sur une chaise. Je dis rien mais j'accepte le verre. Je peux pas parler, si je parle je vais dire des trucs que j'ai pas le droit de dire sur la mère de mes enfants.

La mère de mes enfants. Putain, cette meuf, c'est la mère de mes enfants. C'est Dinah. Je tente de retenir les sanglots qui s'échappent de ma gorge, mais je peux rien contre les larmes qui coulent sur mes joues. Alors je les balaye grossièreent avec mes doigts.

-On devait se marier...

Je sens la main d'Hakim sur mon épaule alors que je ne parviens plus à retenir mes pleurs. Comment c'est possible de passer d'un bonheur presque parfait à une douleur si profonde en l'espace de quelques heures. Comment c'est possible de voir mon monde s'effondrer juste par le pouvoir de quelques mots ? Je me suis tellement projeté dans notre relation, dans notre vie future que la possibilité que finalement ça n'arrive pas me donne le tournis.

-Qui a dit que vous pouvez pas encore le faire, se contente de répondre Hakim.

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant