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« Tu sais qu'il va être positif ? Comme celui d'hier, et celui d'avant-hier et celui d'encore avant »

Point de vue externe.

Assise sur son canapé, elle ne bouge plus, respire à peine. Plongée sous la lumière des projecteurs, sa peau qui n'a presque pas vieilli lui donne un air de poupée, à l'oeil on lui donnerait presque dix ans de moins que ses quarante ans. Sauf si le regard de plus près. Lorsqu'on regard de plus près on peut apercevoir une forme de sagesse dans ses iris, le genre que seul le temps permet d'acquérir. C'est une sagesse qui se forme par l'expérience de la vie. À cet instant, alors que le journaliste s'apprête à véritablement entrer dans le sujet c'est l'appréhension qui la recouvre. Elle n'a pas attendu que la plaie soit cicatricée pour accepter le rendez-vous, elle n'a pas attendu car elle n'est pas sûre qu'un jour la peine s'affaiblisse, elle n'a pas attendu car elle s'est dit que peut être ainsi elle parviendrait véritablement faire son deuil, mettre cette histoire de côté.

-Même si je suis super contente d'avoir eu toute une perspective sur ta carrière et je suis sûr que nos auditeurs le seront aussi, dit le journaliste. Ce n'est pas véritablement le sujet de ce reportage. Tu as été victime d'un harcèlement assez violent au point que certains médias ont fait des rapprochements avec ce qui est arrivé à John Lennon, Johnny Versace ou encore Lartiste.

Sans pouvoir sans empêcher, la jeune femme se met à rire, un rire brusque, libérateur, comme si la tension qui commencé à s'accumuler dans son corps trouver enfin le moyen de sortir. Au point qu'il lui faut plusieurs minutes pour se calmer.

-Je suis désolée, c'est juste passé de John Lennon et Johnny Versace à Lartiste je trouve ça drôle, et je veux en aucun cas remettre en cause son expérience, elle agite sa main devant son visage pour se calmer. Je pense qu'on en a tous entendu parler de ce qui lui arrivé à l'époque et on tous heureux que l'histoire ce soit bien terminée. Contrairement à  John Lennon ou Johnny Versace.
-Il y a un mot pour décrire ça, érotomanie.
-Erotomanie, elle répète ce qui fait disparaitre toute trace de son rire. Il faut établir quelque chose tout de suite. Il est important de continuer de parler de santé mentale, et d'encourager les gens  à consulter. Moi-même, je souffre de dépression chronique, j'irais chez le psy toute ma vie et c'est pas grave.
-Pourtant t'en parle pas, je crois même que c'est la première fois que tu le dis de manière si ouverte.

Elle prend une inspiration qu'elle bloque plusieurs secondes avant d'expirer puis répondre :

-Je sais pas. C'est peut-être la première fois que j'en parle publique. Mais c'est plutôt parce que je ne suis pas femme des interviews que par honte ou volonté de cacher des choses. On est quand même à deux tentatives de suicide de mon côté. Dans mon entourage c'est un secret pour personne. Même pas pour mes enfants. Ils n'ont pas encore tous les tenants et aboutissant de la maladie, de ma maladie, mais ils savent que des fois maman va pas bien et que pour se soigner elle a besoin de prendre un peu de temps pour elle.
-Ça donne quoi quand maman doit prendre du temps.
-Ça dépend, des fois, je suis entourée des personnes que j'aime le plus sur cette Terre et je sens me vide, indifférente à ce qui m'entoure. Dans ces moments-là, je me concentre sur les petites choses, le plus souvent sur la bague de mon mari. Je la regarde et je me souviens de tout ce qu'on a traversé, à quel point on s'aime. Généralement ça suffit et si ça suffi pas, je disparais de la circulation quelques jours, ça me permet de retrouver un équilibre.
-Qu'est-ce que ce passe pendant ces quelques jours.
-Rien de ouf, beaucoup de thé vert, de méditation et de composition. Comme mon rôle de DA a pris beaucoup de place ces dernières années, je compose moins. Sauf que ça partie de mon ADN, donc même si mon son n'est plus assez moderne pour se vendre, je prends le temps de le faire pour moi. Parfois Ken est là, on se retrouve à deux, je compose, il écrit. On retrouve la connexion qu'on avait au début de notre relation. À la base entre lui et moi, c'est comme grosse attraction physique, mais la musique est aussi importante que le sexe. Quand on fait de la musique ensemble, c'est transcendant.

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant