STORM

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"La vérité, j'ai pas envie de te voir."

-Idriss Akrour

Point de vue Dinah Duval

Quand je suis partie, je ne me suis pas posée la question de savoir ce que se serait de revenir. J'étais juste contente de me lever tous les jours et de sentir l'air entrer dans mes poumons. J'étais contente d'être en vie et d'avoir cette forme d'assurance que j'allais le rester. Je n'attenterais plus à ma vie. C'était terminée.

Je crois qu'il faut véritablement toucher le fond pour commencer à remonter. Je l'avais touché, je ne pouvais que remonter. Les pensées négatives qui m'ont étouffé une bonne partie de ma vie n'avaient plus lieu d'être.

Je cherchais une raison de vivre, j'avais trouvé. Vivre était ma raison, ma fierté. Un jour à la fois, une nuit après l'autre.

Aujourd'hui, c'est plus dur qu'hier. J'ai bien senti l'air s'engouffrer dans mes poumons en ouvrant les yeux. La sensation m'a donné envie de vomir. Je savais que j'allais me retrouver ici. Ma main tremble quand je tourne la clé dans sa serrure pour enclencher le mécanisme de la porte.

Ce qui est drôle, c'est qu'avant j'adorais cet endroit, je m'y sentais en paix, en sécurité. Je pousse la porte. Pas d'hésitation. Une fois le plus dur passé, la sensation de malaise qui m'envahit finira par passer.  Et puis, j'ai déjà trop repoussé ce moment. Jack dans son immense bonté m'a accueilli chez lui quand je suis rentrée. Ça me permettait de fuir un peu plus longtemps ma réalité.

Il fallait bien que cela s'arrête un jour où l'autre. J'ai choisi aujourd'hui.

Abandonnant ma valise dans le hall, je me dirige vers le salon. Je ne me souviens pas, de l'état exact dans lequel j'ai laissé mon appartement en partant. Ce qui est certain, c'est que je suis bien trop bordélique pour l'avoir laissé aussi propre. La peinture sur les murs est fraîche. Sans parler de la disparition de mon tapis. Je dépose mon sac à main sur le canapé avant de commencer à faire le tour du logement.

L'organisation de l'ensemble de mes cds et vinyles est toujours celle que j'ai mis plusieurs années à mettre en place. Cela me permet de cramer immédiatement qu'il manque Icarus Falls le second album de Zayn Malik. Je garde l'information en tête.
Poursuivant mon inspection, je me tourne vers le piano. Ce n'est pas le mien. C'est le même modèle de la même marque, mais ce n'est pas le mien. Je soulève le capot et passe mes doigts sur les touches blanches. Celui-là est neuf. Le mien avait déjà une dizaine d'années quand je me suis installée ici.

Il faut que j'appelle Marc. Il doit avoir des explications. Dans son besoin de tout contrôler, je le crois parfaitement capable de se débarrasser du tapis, de faire repeindre les murs de l'appartement. En revanche je ne comprends pas l'intérêt de changer le piano, ni l'explication pour le cd manquant.

Ma petite enquête continue dans la salle de bain. Rien ne semble avoir bougé. Je ne m'attarde pas, me rendant dans ma chambre. Comme pour le salon, les murs ont été repeints. Le lit est fait au carré, des partitions sont déposées sur la table de chevet la plus près de la fenêtre. Je pénètre dans le dressing, confirmant ma sensation que quelqu'un est bien venu ici en moi absence.

Je n'ai jamais été très attachée à mes vêtements. Quelques pièces ont une valeur sentimentale, notamment des robes portaient pour des occasions spéciales, mais en vérité, j'accorde très peu d'importance à la manière dont je m'habille.

Ce n'est pas pour autant que la découverte de la disparition de plus de la moitié de mes fringues me laisse de glace.

Je n'aime pas qu'on touche à mes affaires sans ma permission et pour le coup, c'est un véritable carnage. Qui n'a pas de sens d'ailleurs. Il reste une robe Valentino vieille de plusieurs saisons, mais en contre partie mon pull Beacon Hill Lacross team floqué Stilinsky est introuvable. Contre ma propre volonté, je cherche une robe en particulier. Celle que je portais le jour où j'ai rencontré Ken. Mon cœur loupe un battement quand je comprends qu'elle n'est pas là. Valeur sentimentale.