STORM

032

"J'ai toujours cru qu'ils allaient finir ensemble, que Dinah et moi on serait de la même famille."

-Camille King Delaving 

Point de vue Ken Samaras.

Des fois dans la vie, tu te poses des questions sur le sens des choses. Des trucs qui se passent surtout quand t'as pas de contrôle sur eux. Hier, j'ai commencé ma journée comme souvent en me demandant ce que j'avais pour mériter tout ça. Ma carrière, la femme que j'aime qui accepte de m'épouser, mes enfants. Qu'est-ce que je pouvais demander de plus ? Est-ce que je le méritais réellement ? En me couchant j'ai pas eu besoin de me poser ces questions, je sais maintenant. Ça, la sensation de pression dans mes entrailles, l'envie de vomir, les images déguelasses qui ne veulent pas quitter mon esprit, je sais que je le mérite. Parce que je l'ai jamais mérité. Je l'ai presque tué cette femme. Elle peut dire ce qu'elle veut, m'expliquer qu'elle était dépressive avant de me rencontrer, la vérité c'est que c'est le moi d'avant, ce connard qui l'a poussé dans le gouffre, et tenté de la faire à nouveau tomber demandant quand elle commençait à en sortir.

Tout ce qui lui est arrivé de mal dans la vie ces dernières années est en partie de ma faute. Tout à l'exception de Marc, pour ça au moins je ne suis pas responsable. C'est juste la vie.

Dans les brumes de ma douleur, j'ai commencé à penser à ce que voulais dire « finir avec Marcus de Saint Expéry », je vois très bien, je vois trop bien qui est ce type, la vraie question c'est quand ? J'y ai pensé et puis, je me suis souvenu de cette semaine qu'elle a passé là-bas, sa première disparition. Pas un appel, un message, rien. Jusqu'à son retour. Je savais que j'avais merdé alors j'ai pas posé de questions sur ce qu'elle avait fait là-bas. Maintenant je sais.

Je la déteste, putain je la hais même. Et je l'aime tellement. Comment est-ce qu'elle a pu aller avec un autre homme, alors qu'elle était avec moi ? Comme est-ce qu'elle a pu me mentir sur un truc pareil. On devait être ensemble, maintenant, toujours, enfin.

Un tapotement sur mon épaule me force à me retourner dans le canapé d'Hakim sur lequel j'ai fini ma nuit.

-Le samedi matin, j'ai le droit de manger mes céréales devant la télévision.

-Allume la télé.

-T'es à ma place tonton Ken.

Je soupire et me relève pour laisser de la place sur le canapé au petit garçon armé d'un bol, une bouteille de lait et un paquet de céréales.

-T'es ici, parce que tu t'es disputé avec Nanah ?

-Ouais, je réponds doucement.

-Tu veux en parler ?

-Pas vraiment.

-Tu veux des céréales ?

J'hausse les épaules, et il me tend le bol avant de retourner dans la cuisine pour en récupérer un pour lui-même. Ça faisait des années que je n'avais pas mangé des céréales de ce genre. C'est plein de sucres avec très peu de valeur nutritive pourtant, je trouve un plaisir coupable à les enfourner dans ma bouche et à regarder les dessins animés sélectionnés par le gamin.

-Si Nanah et toi vous vous êtes disputés, ça veut dire que tu l'aimes plus ?

-Non. Je l'aime toujours, c'est juste un peu compliqué. Parfois les adultes, et même les enfants se disputent. Ça ne veut pas dire qu'on s'aime plus.