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"Tu es tout ce dont j'ai besoin, tout ce que je veux dans ma vie."

-Dinah Duval


Point de vue Dinah Duval


Maintenant, je sais, encore plus qu'avant à quel point la vie est fragile. Je sais tout ce que j'ai, et ce que j'ai à perdre.

Mon téléphone qui vibre sur la table de la cuisine me rappelle à quel point.

Posé entre nous, Ken ne résiste pas à la tentation d'y jeter un coup d'œil avant que je ne l'attrape. À la lecture du nom de l'appelant son visage se tend et un masque glacé prend place sur sa figure. Il ne dit rien. Il n'a pas besoin. Immédiatement mon esprit de contradiction fait œuvre pour que je puisse décrocher en hésitant à peine.

-Oui Clément, je dis en m'éloignant de la cuisine jusqu'à atteindre la terrasse balcon.

-T'as vu les premiers scores ?

-Excuse-moi Clem, est-ce que tu peux me rappeler je fais un truc là.

-Pas de soucis, je te rappelle. Mais Dinah, check les premiers scores.

Je n'ose pas entrer à nouveau dans l'appartement. Il n'est pas nécessaire d'avoir fait une étude sur le sujet pour savoir que je suis sur le point d'en prendre plein la tête. Pour être honnête, j'ai déjà été surprise par la douceur de la réaction de Ken de tout à l'heure, par son inquiétude qui a semblé prendre le pas sur sa jalousie. J'ai trop peu de chance de le voir réagir avec mesure et logique à nouveau pour y croire. Il va m'en mettre plein la gueule.

Cherchant une excuse pour m'attarder un peu plus dehors, je tombe sur mon paquet de clopes abandonné sur la table basse. La reprise de cette mauvaise habitude depuis le départ de Marc est loin d'être une source de fierté bien au contraire. Mais actuellement, elle me laisse bien cinq minutes avant de devoir faire face à la tempête.

Je prends mon temps pour la fumer. Et finalement, je prends le temps d'en fumer une seconde. Je sautille un peu sur place avant de faire coulisser la porte-fenêtre me permettant d'accéder au salon. Je me prépare comme on se prépare pour un combat de boxe.

Prendre des coups.

Je pourrais épiloguer sur le fait que ce n'est pas normal que je sois dans cet état. Ce n'est pas normal que j'appréhende de cette manière d'avoir une conversation avec l'homme qui partage ma vie. Mais ça fait partie de nous. Sans être bancale, notre relation sera sans doute toujours fragile, à moi, nous d'en prendre soin. En l'occurrence, prendre les coups sans réagir. Parce qu'il est dans son droit de ne pas apprécier qu'un autre homme écrive ce que Clément a écrit sur moi.

Même si ce n'est pas de mon fait.

Le salon vide, je comprends que Ken s'est lancé dans le couchage des garçons. Prise de curiosité, je me dirige vers notre chambre, laquelle compte encore les lits des garçons, et m'arrête sur le pas de la porte pour pouvoir les observer. Vianney en fond sonore, la voix de Ken racontant une histoire, couvre celle du chanteur. Il est doué pour cela. S'occuper des triplets. Bien plus que moi d'ailleurs, mais il ne le réalise pas. Sur ce point mon évolution a été notable. Il n'empêche que j'aie encore parfois du mal à les appréhender comme des personnes entières. C'est étrange comme sensation, il m'est difficile de la décrire. Et de toute manière plus le temps passe plus ils développent chacun leur personnalité et avec ça le sentiment s'évapore.

Il n'y a pas de trace de colère sur le visage de Ken au contraire. Quand il regarde nos enfants, il n'est que douceur et tendresse, sa voix perd un ton, se faisant plus clair, plus chaude. Il est beau, comme toujours. Mais ces moments sont particuliers. Je profite de la vue, du calme. Puis l'histoire prend fin et après les embrassades de rigueur, son visage se tourne vers moi.

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant