Interlude

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"La voir. Même après toutes ces années, ça m'a tétanisé"

-Dinah Duval


-La séance est ajournée.

Ces mots sonnent la fin de la journée la plus longue de ma vie. Dans le même temps les portes de la salle d'audience s'ouvrent en grand, laissant entrer les journalistes et curieux qui attendaient dehors. Le mouvement de foule me projette dans un coin de la pièce alors que les cris résonnent fort dans mes oreilles. Désorientée, je ne sais pas où aller pour fuir cette attention jetée sur moi. Puis une main me saisit fermement par le bras, une veste me recouvre alors qu'on me conduit dans la cohue. Je suis parce que j'ai reconnu la veste qui me protège des flashs des caméras, bloque les commentaires des journalistes, les questions indiscrètes de ces gens qui se nourrissent de mon malheur. Au début je n'ai pas compris pourquoi ils étaient là. Je sais désormais qu'on attire encore l'attention. La notoriété n'est plus la même qu'avant mais même sans elle, l'histoire aurait sans doute fait parler. À l'époque des faits, elle a fait la une, des journaux télévisés et d'internet. J'étais sollicitée de toute part pour faire toutes sortes d'interviews que j'ai toutes refusées. Je pensais que le temps avait calmé l'intérêt, je me suis trompée.

Nous sommes escortés par la police jusqu'à la sortie du Palais de justice. La voiture et ses vitres teintées nous attend. Je monte à l'arrière pour être plus rapide pendant qu'Hakim s'installe à la place du conducteur. D'un mouvement souple je parviens à me glisser sur le siège passager avant et boucle ma ceinture.

-Ça va ? Il demande de son ton bourru habituel.

Il ne s'adoucit pas avec le temps, sa carapace semble même s'épaissir. Les événements des derniers temps n'ont pas aidé. Ils ont été éprouvant alors comme à chaque fois on a resserré les rangs et cette fois, c'est moi qui bénéficie de leur protection à tous.

-Ça va, je réponds sans trop de conviction.

-Et en vrai ?

Immédiatement les larmes que j'ai combattues toute la journée se pressent à mes yeux. La voir a remué quelque chose de douloureux en moi, et puis la vérité finit par sortir sans mon consentement :

-J'ai peur Hakim

Son pouce sur mon visage balaye la larme solitaire qui roule sur ma joue.

-C'est bientôt fini

-Tu peux pas en être sûr.

Il soupire parce que j'ai raison. Je déteste cette fragilité que je dégage, mais je suis au bord depuis si longtemps. Perdre pied ne peut que me faire du bien. C'est pour les autres que je tiens. Je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi. Je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi.

-Ken ?, je demande réalisant qu'il a démarré la voiture alors que nous sommes que tous les deux à l'intérieur.

-Il est sorti par une autre porte. T'en fais pas, je te ramène.

-Et les enfants ?

-Avec Billie et Soan, t'en fait pas j'te dis on a géré

La rumeur de la foule qui se presse devant le tribunal loin derrière nous, je finis par me détendre. La fatigue me submerge et malgré moi, mes yeux commencent à se fermer. Je rêve, de mon lit, de la chaleur de ses bras, des sourires de mes gosses. Le besoin de les voir de le tenir près de moi, me dévore presque.

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant