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"J'aurais pu m'en occuper. Si t'en voulais pas, j'aurais pu le faire tout seul."

-Ken Samaras


Point de vue Ken Samaras.

Si je ne dis pas de bêtise, Platon est le premier à avoir conceptualisé le mythe des âmes sœurs. Pour lui, les êtres humains étaient des êtres complets, parfait, constitués de quatre bras, quatre jambes et d'une seule tête et à deux visages. Ils auraient été séparés par Zeus qui craignait leur pouvoir les condamnant ainsi à errer à la recherche de leur moitié.

Pour d'autres, nous serions à l'origine des âmes androgynes qui se seraient divisées en deux sexes. C'est un peu Ève qui viendrait de la côte d'Adam.

Peu importe en vérité, j'y crois pas à ces théories à la con. Je crois pas que Dinah soit mon âme sœur ou l'âme féminine de mon âme masculine. Je crois pas que j'ai passé ma vie à la rechercher. Je ne l'ai pas cherché, elle m'est tombée dessus. Et puis Dinah est trop entière pour n'être que la moitié d'un tout, même de moi. Elle est entière quand elle aime, entière quand elle déteste, entière quand elle souffre.

Quelque part, elle se suffit à elle-même, elle ne ressent pas le besoin d'être en permanence entouré de monde, elle aime sa tranquille solitude et le revendique.

Ce qui est con, c'est que moi avant de la connaître, je savais pas que j'étais pas complet. Je me suis accroché à elle avec toute la force que je possédais et ça la fait fuir. C'est ma peur de la perdre que m'a poussé à faire des trucs plus débiles les uns que les autres. Le dernier truc en date, ne pas lui avoir dit pour Priya. J'avais tellement peur qu'elle n'accepte pas la situation, qu'elle me repousse, de prendre les progrès qu'on avait faits, que j'ai finis par la perdre elle.

Au point qu'elle n'a pas jugé bon ou même utile de me prévenir de sa grossesse. Au point qu'elle m'abandonne sur le parking de sa clinique.

Son, plus ou moins une heure se transforme très lentement en plus de deux heures et demie. Je n'ai pas pris en compte sa proposition d'aller faire un tour. Pour aller où de toute manière ? Je me tiens sur ce parking, minutes après minutes fumant clope sur clope, priant pour qu'elle déboule du centre les larmes aux yeux me disant qu'elle n'a pas pu aller jusqu'au bout. Même après de deux heures et demie d'attente.

Ce n'est pas ce que m'indique son visage quand je la vois finalement sortir de la clinique. Il n'y a pas de larmes pas d'air un peu contrit, peut-être une forme de soulagement, mais ça ne va pas plus loin.

J'ai mal au cœur, c'est comme des petits coups de couteau qui se plantent dans ma poitrine. Je déverrouille la voiture et monte à l'intérieur avant qu'elle n'ait le temps de m'approcher réellement. Je peux pas la regarder. Je crois pas que je lui en veuille, je crois que... Je sais pas. Je peux juste pas la regarder. C'est trop douloureux.

Une fois dans la voiture, elle boucle sa ceinture ce qui me permet d'en démarrer le moteur et de prendre le chemin jusqu'à son appartement. Le silence entre nous semble se glacer à mesure que nous nous approchons de chez elle.

-Tu veux monter pour qu'on parle, elle me demande quand nous sommes à proximité de l'immeuble.

-Je peux pas, Dinah, je dis doucement. Je veux pas de tes explications, ma voix se durcit indépendamment de ma volonté.

-Tu me détestes, elle ajoute finalement.

-Tu as tué notre enfant, je ferme les yeux très fort dès que les mots ont quitté ma bouche. Je ne voulais pas dire ça, t'as pas fait ça, c'est...

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant