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"Tu te donnes trop d'importance. Si j'ai rien dit c'est pas pour te faire du mal. J'ai rien dit parce que j'avais pas envie et que je me suis pas sentie obligée."

-Dinah Duval


Point de vue Ken Samaras.

Dinah Duval.

On était dans le tour bus quand Mekra m'a annoncé la nouvelle. Il venait de surprendre une conversation entre son reuf et Dinah Duval. Des quelques bribes qu'il avait entendues, il en a tiré un succinct « elle est enceinte, elle se fait avorter demain ». Alors comme une partition déjà jouée, j'ai rejoint Paris par le plus rapidement possible, le cœur sur le point de sortir de ma cage thoracique. Je l'ai attendu dans son garage. J'ai pas voulu monter. Je peux pas son appart et sans ça, la similitude entre les deux situations. Moi, qui cours après cette femme pour éviter un drame. J'ai pas pu monter.

Dinah Duval est enceinte de moi.

J'ai été traversé par des émotions aussi puissantes que différentes. Entre la joie, la colère, l'urgence. Dinah Duval à l'intention d'avorter l'enfant qu'elle porte. Mon enfant. C'est l'urgence qui a remporté la partie. C'est aussi pour ça que je ne suis pas monté. J'ai conscience de mon impulsivité. Je ne voulais pas lui dire des trucs que je pourrais regretter.

Inès avait raison. Elle ressemble à rien. Et c'est tellement pas dans ses habitudes que j'en ai mal au cœur. Elle n'a pas pris la peine de se peinturlurer le visage. Des cernes bouffent son visage, elle a l'air négligé. C'est pas elle ça. Ma Dinah, même si elle refuse de l'admettre est toujours bien mise. Sans accorder de l'importance à sa façon de s'habiller, elle a toujours à cœur de prendre soin de son apparence.

Ça va avec son côté séductrice, avec son besoin de plaire.

Elle me souffle plus que le froid. Si c'est glacial de son côté, je bous de l'intérieur. J'ai un million de questions à lui poser sauf que je ne sais pas par où commencer. Comment ne pas la braquer ? Si elle se braque, je ne saurai jamais comment on a fait pour en arriver là. Est-ce qu'elle me déteste tellement qu'elle était prête à interrompre sa grossesse sans me le dire ? Ou plus simplement elle ne me la pas dit parce qu'elle savait que je ne serais pas pour ?

Parce que je suis contre. Vraiment contre. Et alors que la voiture avance dans les rues parisiennes, je sens le temps que j'ai à ma disposition pour la faire changer d'avis défiler sous mes yeux.

Je ne me serais jamais opposé à son choix, mais je pense avoir le droit au moins de tenter de la convaincre. Lui faire comprendre que si elle décide de garder l'enfant, je serais avec elle jusqu'au bout. Qu'elle peut compter sur moi. Que je l'aime et que je vais l'aimer cet enfant, que je l'aime déjà.

-Il faut qu'on s'arrête, elle dit au bout d'un moment.

Joignant le geste à la parole, elle arrête la voiture sur le bas-côté de la route et ferme ses yeux. Sa respiration est forte, je peux la voir déglutir. Par automatisme, l'une de mes mains se pose sur son visage.

-C'est rien, elle murmure. Les nausées sont violentes, elle dit sans ouvrir les yeux. Et je suis tellement fatiguée.

Il y a presque une pointe de désespoir dans sa voix, alors que des larmes perlent au bord de ses yeux. Si ça la rend malade à ce point, je ne vois pas comment j'arriverais à la convaincre de ne pas se rendre à son rendez-vous.

-Je peux conduire si tu veux, je finis par dire.

Elle grogne durement avant de répondre :

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant