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"Ouais mais, imagine elle se trouve un boug et elle décide de plus revenir"

-Idriss Akrour

Corse, Juillet 2022

Point de vue Ken Samaras

On en a vécu des tournées, mais celle-là à un goût particulier. Ce qui est dur dans cette vie, celle d'artiste, c'est quand les micros sont coupés, le public parti, la fête finie. La solitude qui t'envahit quand tu pénètres dans la chambre d'hôtel qui ressemble à celles précédentes au point que les jours se mélangent, que tu ne sais plus où tu te trouves. Quand tu réalises que quelque part la vie, ta vie défile et que tu n'en aies que le spectateur. Que les trucs les plus importants tu les as laissés derrière toi.

Pour la première fois, je ne ressens pas cette solitude. Je n'ai pas laissé ma vie derrière moi pour vivre d'une passion qui un jour où l'autre ne voudra plus de moi. Maintenant quand je rentre dans la chambre d'hôtel, le plus souvent je retrouve Jo somnolant sur le canapé. Et dans un coin son aligné les lits parapluie dans lesquels je peux voir mes fils dormir. J'ai pas le temps de me poser mille questions parce que le rythme est sportif. Rythme qu'ils imposent, parce qu'à cinq mois, c'est eux qui décident quand je m'endors, quand je me réveille. C'est eux qui décident si je vais passer une bonne journée ou si je serais noué par l'angoisse tout au long de celle-ci. Parce qu'ils n'auront pas bien dormi, parce que l'un d'entre eux n'aura pas bu son biberon en entier, parce que la bouille qu'ils ont faite n'est pas la bonne. C'est dur, mais c'est parfait. Parce qu'ils sont là. Presque parfait.

Elle manque.

Je sais jamais si ce que je fais est bien et elle n'est pas là pour me soutenir. Elle n'est pas là pour m'indiquer si c'est la bonne dose de lait, s'ils crient parce qu'ils ont mal ou parce qu'ils ont besoin d'attention.

Elle me manque.

Parce qu'en vrai, avec elle la tournée aurait été vraiment parfaite. Un équilibre entre ma passion qu'est la musique et ce besoin de les avoir auprès de moi. C'est débile comme pensée. Si elle avait été là, ils seraient surement à Paris, à la maison. Et je serais seul dans mes chambres d'hôtel.

Elle me manque.

Ouais, je lui ai dit de partir, mais il y a un gouffre entre, lui dire de partir et vivre son absence. Elle avait promis et elle n'a pas trahi sa promesse. Elle m'a appelé dès qu'elle est arrivée. Elle m'appelait souvent au début, tous les deux jours. Chasser le naturel, il revient au galop. J'ai jamais autant détesté cette expression qu'en l'instant. Ça doit bien faire une semaine que je n'ai pas eu de ses nouvelles. Elle ne le fait pas exprès, c'est elle. Elle fait exprès. Appeler est trop dur, ça lui rappelle tout ce qu'elle a laissé. Les aliens, moi aussi, j'espère. Son travail, ses amis, sa famille parce que c'est ce qu'on est.

Elle ne ment plus, alors elle m'a expliqué. C'est comme avoir le vertige, tout tourne autour d'elle. Avoir peur de tomber mais se tenir près du bord d'une falaise. Sans Marc, elle est seule dans ce monde et ça lui fou la trouille. Je lui ai répondu qu'elle n'était pas seule, qu'on était aussi sa famille, moi, tout le S, les gens qui l'aiment et qui n'attendent que son retour. Sa réponse m'a glacé le sang, par sa froide vérité. « Mais vous m'avez déjà laissé seule ».

Je faillis lui répondre que c'était elle qui était partie. Par chance elle ne m'en a pas laissé l'opportunité, parce que j'aurais été à côté de la plaque. Le problème ce n'est pas quand elle est partie, mais quand on l'a fait. Ces semaines qui ont suivi ma découverte des relations qu'elle a entretenues avec Hakim. Quand de manière marquée, on a disparu.

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant