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"Il n'a pas vraiment quitté la maison, il me boude. Il rentrera quand il aura fini de bouder."

-Dinah Duval.


Point de vue Dinah Duval.

Trois jours. On ne croit pas comme ça, mais trois jours c'est très long. Pas un coup de fil, un message rien. Au départ, j'ai bien tenté de l'appeler, mais j'ai renoncé préférant lui laisser l'espace dont il a besoin. Ce qui me chagrine, c'est qu'il n'est même pas venu chercher des explications. Comme est-ce qu'on peut faire avancer la situation si nous n'en parlons même pas ?

La veille j'ai cédé à la demande d'Hakim, chez qui Ken se trouve et quitter l'appartement le temps de la soirée pour qu'il puisse voir les aliens. On se comporte comme si nous avions une garde alternée alors que nous ne sommes même pas séparés. Ça me fait trop mal coeur.

Méditation en veux-tu, en voilà. Ça m'évite de me faire des plans sur la comète et de m'imaginer des fins à plus en dormir la nuit à la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui. J'ai pas la solution, je peux pas m'excuser en lui disant que j'étais pas dans mon état normal, je peux pas lui affirmer que c'est faux même si je pense que c'est faux. J'en sais rien. De cette semaine de turn up, je me souviens vaguement de Gabriel tentant de me ramener, de ... me faisant des avances un peu lourdes, d'un usage plus que conséquence de drogues diverses et variés, d'un sentiment de profond dégout pour ma personne, mais surtout la redescente plus que difficile à mon retour sur Paris. Marcus Saint Exupéry ne fait pas partie de ces souvenirs. En même temps, même sobre je fais en sorte d'oublier son existence.

Alors je me traine comme une âme en peine tout en regrettant un peu la femme que j'étais avant. Avant Ken. Pas les drogues et les sorties, ce que je regrette c'est ma capacité à compartimentaliser à la perfection l'ensemble de mes émotions. Avant j'aurais pu juste ignorer le départ de Ken. J'aurais continué à mener ma petite vie comme si de rien n'était. Je peux plus faire ça. En soi c'est une bonne chose parce que les émotions faisaient toujours leur retour et ces moments étaient toujours les plus dangereux pour ma santé mentale. Maintenant, je suis triste et je le ressens partout dans mon coeur, dans mon corps.

C'est idiot.

Etre amoureux, construire une vie de couple, une famille c'est idiot. Parce que ça fait mal, plus ou moins vite, plus ou moins longuement, mais ça finit toujours par faire mal. Je suis fatiguée d'avoir mal. J'aimerais un peu de répit. Je ne demande pas grand-chose, juste quelques années. Je crois que je les ai mérités.

Je repasse pour ce qui me semble la centième fois le bout de la piste que j'ai sous les yeux, incapable de déterminer ce qui me gêne. J'arrive pas à me concentrer sur mon taff, alors que j'en ai beaucoup à faire. Le temps. Lui on l'arrête pas, en ce moment il semble faire la grimace. Il est à la fois si long et si court.

L'interphone se met à buzzer et machinalement, je déverrouille la porte sans prendre le temps de vérifier qui vient troubler, mes réflexions cyniques. C'est un peu inconscient de ma part quand on pense à l'autre au fait qu'elle doit probablement me traquer dans tout Paris à l'heure qu'il est. A ma défense après des jours d'intense angoisse, j'ai finis par mettre de côté cette histoire. Je peux pas m'empêcher de vivre ma vie parce qu'il lui manque une case.

Quelques minutes plus tard, j'ouvre à ma grande surprise la porte d'entrée de l'appartement sur Sarah :

-Seigneur, c'est toute une histoire pour monter jusqu'à chez vous.

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant