STORM

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"Yeurk, votre niaiserie blesse ma foi en l'humanité"

-Yasmin Yousfi

Point de vue Dinah Duval

Le débat fait rage dans la cuisine depuis une dizaine de minutes. En cause, la proposition de Cheryl , que nous nous rendions entre filles dans un bar de plage populaire à plus d'une trentaine de kilomètres de la villa que nous partageons. Si Billie et Clara ont refusé immédiatement, d'ailleurs pour des raisons différentes. Inès a émis l'envie d'y aller, au déplaisir de Moh. Comme, malgré lui il a des tendances un peu misogyne, ne lui dite pas que j'ai dit ça, il refuse de voir sa femme partir en soirée avec ses sheitanas d'amies. C'est-à-dire Lina et moi.

C'est une dispute qu'il a déjà perdue, mais c'est marrant de le voir essayer. Quelque part, je comprends sa réticence, il faut savoir être honnête avec soi-même. Lina et moi, nous n'avons pas les mœurs les plus solides de cette maison. En revanche, il peut avoir une confiance aveugle en sa femme. Elle n'était déjà pas le genre à avoir des « écarts » de conduite avant qu'il ne l'épouse désormais, c'est tout bonnement impossible à imaginer.

-Mais tu fais quoi toi quand tu sors sans moi, dit la créatrice le sourire aux lèvres.

Argument principal de la jeune femme. S'il ne veut pas qu'elle sorte c'est peut-être parce qu'il a quelque chose à se reprocher. Ce qui est certain, c'est que je ne suis pas la seule à me marrer de la situation actuelle. La jalousie non déclarée mais évidente de son mari lui fait plaisir.

-Mais c'est pas la même chose.

-Ah oui et c'est quoi la différence ?

Perchée sur le plan de travail de la cuisine que je ne perds rien de leur petit conflit. Je prends tout de même note qu'il faut que j'ai une conversation sérieuse avec le Sneazzy. On peut parler de mes moeurs légères et même de celles de Lina, en attendant, c'est aucune d'entre nous qu'on a retrouvé en pleine action dans les toilettes d'une boite de nuit.

-Je sors pas accompagné de Bad meets Evil.

Le rire qu'Inès contrôlait depuis le départ explose et je l'accompagne. Moh a souvent des expressions fleuries et ne loupe jamais une bonne référence. Il m'a vraiment manqué ce sale con.

-Est-ce que j'ai le droit d'être Evil, je demande en levant la main.

Il me jette un regard de travers avant de reprendre :

-C'est ça rigolez. Tu sais très bien que j'ai raison en plus, il s'adresse directement à sa femme.

-Mais mon Mimi, qu'est-ce que tu veux qu'elles me fassent faire, elle dit en glissant ses bras autour de sa taille.

-J'sais ap, je veux pas savoir et j'ai pas confiance. T'es ma femme, j'vois pas pourquoi tu continuerais à sortir avec elles.

-Tu sais que je fais quand même y aller ?

Comme souvent quand ils sont tous les deux, le reste du monde disparaît autour d'eux. Ils sont dans leur propre bulle, communiquant par de simples regards. Par chance, je peux me soustraire à leur image de bonheur parfait grâce à la minuterie du four qui m'annonce la fin de la cuisson des muffins que j'ai préparé.

Je sors la plaque du four et attrape une assiette sur laquelle je dispose trois gâteaux avant de sortir sans regret de la cuisine.

Comme prévu, allongé sur le canapé du salon, je retrouve Ken plongé dans une lecture qui semble le passionner. Abandonnant l'assiette sur la table de basse a proximité, je dépose un bisou sur sa joue pour attirer son attention. Ça ne loupe pas, il écarte ses bras pour que je me glisse entre eux.