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"À quel moment t'as passé ton diplôme de chamane ?"

-Ken Samaras


Point de vue Ken Samaras.

Installé dans un coin de la pièce sur un fauteuil, j'observe Dinah assise en tailleur sur son lit, les poignets déposés sur ses genoux, les yeux fermés.

Des années après l'avoir rencontré, elle continue de m'impressionner, la tranquillité, la sérénité qu'elle dégage, j'ai jamais rien vu de comparables. Son calme est presque effrayant. Après les explications des médecins et l'intervention de la sage-femme et des infirmières, elle m'a demandé d'appeler son père pour le prévenir de l'arrivée des triplets. Depuis elle est entrée en méditation et rien ne semble être en mesure de la sortir de son état qui s'approche presque d'une transe.

Comme si son esprit était parvenu à ralentir son corps, son cœur, mais aussi le temps qui file dans la pièce.

Quand elle expliquait que ses mois, passés dans un ashram en Inde lui ont permis d'atteindre une forme de paix intérieure, elle rigolait pas. J'en ai le résultat sous les yeux.

-On a oublié les sacs de maternité, elle dit sans ouvrir les yeux.

-Non, c'est dans la voiture. Tu veux que j'aille les chercher ?, je demande en m'approchant du lit.

-Pas tout de suite, je veux pas être toute seule, elle dit en attrapant ma main.

-J'irais quand Marc sera là.

Elle secoue la tête, sans lâcher ma main.

-Installe-toi avec moi.

-C'est pas pour moi tes trucs.

-Fais-moi plaisir. Je te sens tendu, on a besoin de faire le vide.

-À quel moment t'as passé ton diplôme de chamane ?

-Sois pas désobligeant, elle répond en ouvrant les yeux pour m'observer.

Son regard est sans appel et suffit à me convaincre. Je grimpe dans le lit en faisant attention de ne pas la déplacer. Si les contractions sont encore espacées, elles n'en sont pourtant pas moins présentes. Elle attrape mes mains et me force à les tourner vers le plafond avant de les couvrir des siennes.

Comme la dernière fois qu'elle était à l'hôpital elle me conduit dans un exercice de respiration, au départ peu enclin à la suivre, je finis par m'atteler à l'exercice tout en laissant sa voix me porter. Sa voix est douce et forte à la fois. Un peu comme elle de toute manière. On croirait pas avec son petit corps et sa sensibilité. Mais à mes yeux, Dinah Duval est une force de la nature, une vraie force parce qu'elle ne ressent pas le besoin de s'imposer.

-J'ai hâte que Marc soit là, elle dit mettant fin au silence qui nous entoure. Il va me fournir une distraction.

-Une vraie distraction, je reprends. Ils nous ont pas installés dans la bonne chambre.

La clinique dans laquelle nous nous trouvons est un truc de gens trop riche que Marc a spécialement choisi pour l'accouchement de Dinah. Que le meilleur pour sa princesse et ses petits-fils il m'a répondu quand j'ai osé lui dire que c'était pas nécessaire qu'il fasse tout ça.

En commençant à vivre avec Marc, j'ai aussi appris à le connaître plus en profondeur. Oui, il est excessif, oui, il est présomptueux. Il est surtout plein d'amour. Pour sa fille d'abord, son mec, ses petits-enfants à venir et moi par extension. Son souci dans la vie, c'est de nous protéger contre le monde extérieur. D'où la clinique du futur et l'obstétricienne parce que à la demande.

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant