Épilogue

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"Je vous avez dit qu'ils faisaient des bisous."

-Luka Samaras-Duval


Point de vue Ken Samaras-Duval


Les cris des enfants jouant dans la piscine ont remplacé les acclamations du public. Je crois que j'aime les premiers plus que les secondes. Avec les premiers, il n'y a pas de contrecoup, lorsque la lumière s'éteint et que je réalise à quel point je suis seul. Tout au contraire, les cris, les rires des enfants, me suivent jusque dans mes rêves. Et puis je ne suis pas seul quand la lumière s'éteint.

Par instinct je la recherche du regard. Je la recherche toujours du regard et quand je ne la trouve pas comme actuellement, mon coeur se met à battre plus vite. C'est le reste de tout ce que nous avons traversé ces 14 dernières années. J'ai rencontré Dinah Duval, ma femme, il y a quatorze ans. Et il s'en est passé des choses. Notre rencontre, notre rupture, sa tentative de suicide, sa disparition, son retour, la naissance des triplets, la mort de son père, notre mariage, son harcèlement, Soline, le procès.

Et tellement d'instants qui peuvent paraître anodins, mais qui sont en réalité le fondement de notre relation. La raison pour laquelle, je me réveille tous les matins au côté de la femme, la plus belle, la plus forte, la plus résiliente qui m'est été donnée de rencontrer. Et chaque matin, j'ai la sensation de l'aimer plus que la vieille, plus qu'il y a quatorze ans.

Rentré dans la maison, je la retrouve sur le balcon de notre chambre à coucher cigarette à la main, ce qui justifie sa disparition.

-Je te cherchais, je dis en attrape la clope avant de l'écraser dans le cendrier.

-Non fait pas ça.

-Trop tard. T'es censé avoir arrêté.

-C'est une rechute, elle hausse les épaules avant d'ajouter. Tu voulais me dire quelque chose ?

-Non, je savais pas où t'étais

Ces quelques mots recouvrent une signification tellement plus profonde que ce qui apparait à leur simple prononcé. C'est toute la peur, la colère et le besoin subséquent que j'ai de garder un oeil sur elle. Eux. J'exerce la même surveillance sur les enfants. Je ne sais pas si on peut parler des stress post traumatique, mais je pense qu'on en est pas loin.

Après son kidnapping, quand elle est revenue on s'est concentré sur les conséquences que cela allait avoir sur elle et sur les enfants. Comment elle allait se réconcilier avec la vie de manière générale suite à ce qu'elle venait de vivre. Comment on allait expliquer aux enfants ce qui était arrivé à leur maman, à Luka ? Ce qu'on devait leur dire et comment. Très vite il est apparu évident qu'on ne pouvait pas leur cacher la vérité. Même s'il n'en avait pas conscience Luka avait compris qu'il y avait quelque chose de pas « normal » avec son « amie Lucie ». Et puis l'affaire a fuité dans la presse, elle est donc présente partout sur internet. Et avec le procès elle redevenu au goût du jour sauf que maintenant les enfants sont suffisamment grands pour obtenir de l'information en dehors de notre cercle familial.

Ce qu'on a oublié dans tout ça, c'est moi. Moi et les heures que j'ai passées sans savoir où se trouvait mon fils. Ces jours que j'ai passées sans savoir où se trouvait ma femme. Alors ouais, maintenant j'ai besoin de savoir où ils sont.

En permanence.

Sa main se pose sur ma joue avant que son pouce passe sur mes lèvres :

-Je suis là.

Comme si ce n'était pas suffisant, je dépose mon front contre le sien pour l'avoir plus près de moi encore.

-Je t'aime, je murmure avant de laisser un baiser sur son front.

-Je sais.

Je ferme les yeux et l'entoure de mes bras, glissant mon visage dans son cou. Son odeur crée des frissons sur mon épiderme. Ses doigts se glissent dans mes petits cheveux augmentant le sentiment de bien-être qui me traverse. Quatorze ans. Ça semble si long comme ça et pourtant ce n'est pas assez. Je la veux pour toujours auprès de moi cette femme.

Je redresse mon visage pour pouvoir l'embrasser. Ses lèvres sont douces, chaudes contre les miennes. Il n'y a pas de précipitation dans notre échange, juste une parfaite tendresse, que je maitrise pour lui faire passer tout ce qu'elle compte pour moi. Ma vie. Aussi simplement et aussi purement que cela. Elle est toute ma vie. J'aime mes enfants plus que tout, mais elle est la femme qui a failli mourir pour les donner. Ça se passe de mots je crois bien.

-Je vous avez dit qu'ils faisaient des bisous.

-Beurk

On se détache pour pouvoir observer les triplets entrer dans la chambre.

-Et alors si on veut faire des bisous, je réponds. On a le droit non.

Je commence à déposer pleins de bisou sur le visage de Dinah augmentant les cris des garçons.

-Les bisous c'est pour les vieux

-Comment ça, les bisous c'est pour les vieux ? Qui est vieux ici.

-Toi, dit Nolan en rigolant.

-Vous allez voir

Ils partent en courant de la chambre et je les suis sous les cris de Dinah qui nous ordonne de ne pas courir dans les escaliers. Quatorze ans, et je ne regrette pas une seule. Je donnerais tout ce que j'ai, tout ce que je suis pour en vivre quatorze de plus. Elle est tout ce qui compte. 

STORMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant