STORM

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"Je suis sûre, qu'en faite les gazouillements bah c'est un langage entre eux. Ils planifient un coup pour se débarrasser de Joséphine comme dans Nanny Mcfee."

-Dinah Duval

Point de vue Ken Samaras.

-Ken, on va reprendre, m'indique un des gars de la technique.

Posant mon phone sur la table face à moi, je sens mes mains trembler. C'est ridicule. Elle a simplement dit que je lui manquais. C'est pas grand-chose. Mais c'est tellement à la fois, de sa part ça veut dire beaucoup et j'en suis presque scié. C'est comme un pas dans ma direction, en tout cas je le prends comme tel.

-Ken, dit Kari en posant sa main sur mon épaule.

La douceur éclatante avec laquelle, elle me regarde me permet de reprendre pied avec la réalité. Elle est belle Kari, mais n'en joue pas. Quand j'ai découvert que c'était elle qui allait tenir le rôle principal dans le film que nous tournons, j'ai été instantanément rassuré. C'est facile de jouer avec elle, sans doute parce qu'au fond ce n'est pas que du jeu. L'attirance entre nous est toujours présente malgré les années passées. Les choses auraient pu être mille fois différentes entre nous. Nos chemins ont simplement fini par se détourner, presque naturellement.

Elle est sur une autre stratosphère Kari. Son succès n'a d'égale que sa beauté. Ces dernières années, elle a enchainé les projets à gros budget qu'ils soient français ou américains. Ce qui l'a lancé à l'internationale, c'est une rencontre fortuite dans une brasserie parisienne avec un certain Christopher Nolan. La stratosphère.

-Ça va ?

-Ouais, juste un appel.

-Mauvaise nouvelle ?

-Non, je dis doucement. Au contraire. Mes fils viennent.

-C'est fantastique ! Je vais peut-être enfin les voir.

-Ouais, peut-être je connais pas encore leur programme.

Nous ne parlons jamais de Dinah. C'est un peu l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Kari sait parfaitement que nous avons arrêté de nous parler concomitamment à ma rencontre avec la beatmaker. Je sais de source sûre (Sneazzy) qu'à l'époque elle l'a mal pris. Le connard que j'étais n'a pas pris le temps de la prévenir, il a juste arrêté de lui répondre.

-Tu me diras, elle répond. On y va ?

Je secoue la tête en la suivant. Le reste de la journée passe dans un tourbillon. Je crois que je ne m'en suis pas trop mal sortie car personne ne m'a fait de réflexions. Xavier ne m'a pas fait de réflexions. À la fois dans sa bulle est exigeant, Xavier ne laisse jamais rien passer quand ça ne lui convient pas. Les journées sont donc parfois très longues.

Ma concentration se fait la malle à la seconde même où il annonce le clap de fin de la journée.

Je retrouve rapidement mon lieu de vie et notamment la salle de bain dans un appart-hôtel pas très loin du lieu de tournage. Il me faut plusieurs instants pour complètement me détacher du rôle que je dois prendre pour jouer dans le film. Plus le temps avance et plus je la sens, la similitude entre Camille mon personnage et moi. Cette espèce de désespoir qui l'habite en raison de son impuissance face à l'injustice du monde. Je ne suis toujours pas certain de comprendre pourquoi Xavier a tant insisté pour que je sois son acteur principal, mais oui, je la sens la similitude. Je la ressens la dureté du monde dans lequel il vit. Elle n'est pas si loin de celle du monde que j'habite.