Chapitre 41

1.1K 71 11
                                    




Les larmes ravagent le visage gonflé de Saki. Son timbre de voix est cassé et son corps tremble. Je le sens en état de choc mais surtout complètement démuni face à cette situation. Peiné, je le prends dans mes bras et le berce doucement.

Si je veux l'aider, j'ai besoin d'en savoir plus. Saki doit tout me raconter depuis le début.

Je lui laisse quelques minutes pour se calmer et lorsque ses pleurs cessent, je vais chercher de quoi soigner ses blessures.

Je reviens auprès de lui avec sa trousse de secours et m'installe en tailleur sur le canapé. Il garde le silence, fixant le vide, reniflant bruyamment par moment. Il me parait si enfantin d'un coup, comme un petit garçon qui vient de perdre à la bagarre. Mais Saki est adulte, possédant le même âge que moi et il se retrouve confronté à une bande de voyou.

La récréation est terminée et la vraie vie reprend le dessus. Je ne pensais pas que les paroles de Tōji pourraient être aussi réelle à cet instant.

Délicatement, je désinfecte ses plaies et enroule un bandage autour de son bras.

- Tu les connais, ces types ? osé-je demander à Saki.

Il relève faiblement les yeux vers moi. Ses pupilles marrons brillent avec moins d'intensité qu'habituellement.

Il met un moment avant de me répondre, le souffle court.

- A la fac, on partageait quelques cours ensemble. Puis après avoir obtenu mon diplôme, je ne les ai jamais revus. J'avais seulement entendu des rumeurs à leur sujets, comme quoi ils s'étaient enrôlés dans un gang... parvient-il à me murmurer.

- Vous étiez déjà en mauvais terme, à la fac ?

- Pas vraiment non. En réalité, on ne se connaissaient pas. On se croisaient dans les couloirs et c'est tout.

Les yeux plissés, j'observe mon ami. Si ce sont des gangsters, je ne suis pas étonné de leur mauvaise attitude.

- Et pourquoi ils en sont venus à te frapper ? Tu as bien du les revoir pour qu'ils s'intéressent à toi.

- Il y a quelques semaines, je les ai croisé dans la rue en revenant à la maison et depuis, ils tombent quotidiennement sur moi, comme s'ils me suivaient ! Au boulot, dans mon quartier, à la supérette... Ils me prennent tout mon fric à chaque fois et je n'échappe pas à quelques coups, sanglote-t-il doucement.

Saki recommence à pleurer et porte une main sur son nez imbibé de sang. Je le serre dans mes bras de plus belle, cherchant à l'apaiser. Je vais retrouver ces types et les buter.

- Pourquoi est-ce qu'ils font ça ? demandé-je en connaissant la réponse.

Les gangsters des rues n'ont pas de raison particulière pour s'attaquer aux gens. Généralement, ce sont de jeunes déscolarisés qui finissent engagés dans des gangs et qui s'amusent à martyriser la population par simple ennuie. Voler de l'argent ou des biens est un bonus, rien d'autre. C'est pour cela que les gangs ne décollent jamais bien haut car la mafia est capable de les écraser sans sourciller.

Ils ne peuvent pas lutter contre les divers clans du pays.

Seulement, il existe tellement de petits gangs qui arrivent à se faufiler entre les mailles du filet et qui continuent de semer la zizanie dans les villes.

Je serre les dents un instant. Ce phénomène ne m'est pas rare, j'ai aussi subi les assauts des gangs à Okinawa. A la sortie du lycée, ils venaient me voler tout mon argent et me rouer de coups quand j'osais protester. J'étais trop jeune à l'époque pour oser défier un groupe entier.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant