Chapitre 114

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Tōji

Alors que tous les regards sont rivés en direction d'Aleksander, Isao s'approche lentement de moi et son souffle parvient à mes oreilles.

- Tōji-sama...

Je balaie l'air d'un revers de main, lui signant que je ne veux rien entendre. Je reporte mon attention sur Aleksander qui se lève lentement. Il passe une main sur son nez, renifle et fait les cents pas en se grattant le menton.

- Rah... Tu m'as bien baisé, je m'y attendais pas, peste-t-il.

Je plisse les yeux en voyant son changement d'humeur. Cet homme semble être atteint de plusieurs troubles mais je n'ai pas la capacité de déterminer lesquels. Aleksander empoigne ses cheveux à pleine main et les tire en serrant les dents.

- Qu'est-ce que je vais pouvoir bien dire à son père maintenant ?! 'Excusez-moi beau-papa, votre fille est morte au cours du voyage. Mon ennemi l'a accidentellement tué...', songe-t-il en continuant de tirer sur ses cheveux.

Ses hommes restent silencieux, la tête baissée. Le Russe pousse un hurlement de rage et shoote furieusement dans un caillou.

- Tu sais combien de fric il me donne par mois ?! Sa fille était une mine d'or ! Tu fais vraiment chier Kobayashi ! grommelé-t-il.

Je reste indifférent devant sa petite crise existentielle. Je relève mon arme et le pointe en sa direction. Sans attendre, je tire et l'odeur de la poudre se répand dans l'air. Aleksander recule aisément et me foudroie du regard. Bien que quelques secondes auparavant il frisait la rage, ses yeux reflètent à présent une profonde noirceur. La balle se loge dans le corps d'un de ses hommes. Celui-ci s'écroule au sol, sous le choc. Un muscle de ma mâchoire se contracte en réalisant que j'ai loupé ma cible.

Les lèvres du Russe s'étirent et dévoilent ses dents en or. Il sourit à s'en faire mal à la mâchoire.

- J'vais pas te laisser t'en tirer comme ça, Kobayashi, souffle-t-il d'une lenteur angoissante.

Son sourire me tord les boyaux. Je tourne vivement la tête vers mon groupe d'homme, le visage déformé par le stress.

- Attaquez ! crié-je.

Isao écarquille les yeux et sort une arme de son dos. Mes hommes suivent son mouvement et s'élancent dans le bain sanglant.

Le groupe de policier fonce tête baissée, nullement effrayés de combattre contre des bandits. Ils élèvent leurs armes et les tirs fusent à toute allure. Katashi m'attrape par l'épaule et me jette pratiquement derrière lui, les sourcils froncés.

- Reculez monsieur, vos blessures vont se réouvrir ! Laissez-nous nous occuper de cela ! s'exclame-t-il en sortant ses armes.

Les dents serrées, je recule à contre cœur et garde mon pistolet en main. Ian ne se fait pas prier pour sauter dans le tas, fonçant comme un taureau déchainé.

Nous sommes nombreux. Nous pouvons gagner.

Quelques hommes sortent des carcasses de voitures et balancent des grenades après avoir retiré le dispositif de sécurité. Les bombes explosent de tous les côtés et nombreuses silhouettes tombent au sol. Avec effroi, je distingue des bouts de chairs s'éparpillaient dans l'air.

Ce n'était pas prévu. Ça ne faisait pas partie du plan.

Ian recule et évite de justesse une grenade qui explose au contact du sol. Il passe un bras sur son visage et grimace en sentant des cailloux érafler son visage.

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