Chapitre 125

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Tōji

Les étoiles sont hautes dans le ciel lorsque mon équipe et moi arrivons sur la colline qui surplombe la forêt d'Aokigahara. Il règne en ces lieux une atmosphère lugubre et morbide mais ce n'est rien comparé à la haine qui habite mon cœur. Yoshiro a été enlevé il y a quelques heures et depuis, je suis entouré par les ténèbres. Ce qui est amusant, c'est qu'elles ont toujours fait partie de mon quotidien mais à cet instant, sans Yoshiro à mes côtés, elles me semblent terriblement effrayantes.

Je suis mué d'un puissant sentiment de crainte. Aleksander m'a tendu un piège et j'ai foncé la tête baissée. Si Yoshiro est en danger, c'est par ma faute.

Je vais tous les exterminer.

Les nombreuses berlines font leur apparition sur la colline où la végétation virevolte par la légère brise qui se manifeste dans l'air. De nombreux hommes sortent et se regroupent à mes côtés, vêtus de leurs équipements militaires. J'observe l'horizon de mes yeux plissés, un air sinistre sur le visage. Katashi me rejoint, ses mains occupées à arranger son gilet par balle.

- Les hommes de Suzuki viennent d'arriver, m'informe-t-il en réajustant ses lunettes carrées.

- Il a appelé ? demandé-je en connaissant la réponse.

- Pas nous, répond Katashi d'un air grave.

- Je vois.

Katashi ferme un instant les yeux, les traits tirés. Il pose une main sur mon épaule et s'éloigne pour rejoindre Ian et Choso. Mes deux autres hommes s'arment en gardant une expression impassible sur le visage, bien conscient qu'ils vont mettre leur vie en jeu. Je me retourne et balaie l'horizon de mes yeux transperçant.

- Emiko, tu mèneras le groupe de Huang. Katashi, je te veux avec les militaires. Choso et Ian, vous partez ensemble. Les snipers sont prêts ? enchainé-je d'une traite.

Ian grommelle dans sa barbe et fait un pas dans ma direction. Ses yeux clairs me toisent longuement.

- Et vous ? Il est hors de question que vous agissiez seul ! s'exclame-t-il.

- Je sais ce que je dois faire Ian, réponds-je en le dévisageant.

- C'est trop risqué.

- Tu me penses inconscient à ce point ? ricané-je amèrement.

L'américain garde le silence, me jaugeant d'un air renfrogné.

- Il n'y a pas de temps à perdre. Finissons-en, reprends-je en fronçant les sourcils.

D'une main experte j'attrape mon revolver et entame la marche vers la pente qui nous mène jusqu'à l'hôtel abandonné où se trouve Aleksander. Emiko se tourne vers les hommes de Li Huang et relève le menton.

- Restez derrière moi et à la moindre apparition d'une tête blonde, tirez. Si vous apercevez Yoshiro, sortez-le immédiatement de l'hôtel, déclare-t-elle en élevant la voix, désireuse de se faire entendre par tous.

Les mafieux Chinois abordent une moue moqueuse, des rictus sur le coin des lèvres. L'un d'eux lance un regard équivoque à l'équipe.

- On suit des yakuzas et en plus on se fait diriger par une femme ? Cette plaisanterie est de très mauvais goût ! rouspète-t-il.

La jeune femme lui adresse un regard méprisant, une main posée sur son pistolet qui trône à sa ceinture. Elle s'avance d'un pas, ses yeux froids fixant le chinois.

- Un problème ? susurre-t-elle.

- J'obéis aux ordres de mon chef et à ce que je sache, tu n'es pas le mien, répond-il en la foudroyant du regard.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant