Yakuza

Chapitre 119

Le yakuza semble revenir à la réalité car je sens ses yeux se poser sur moi. Il me détaille avec attention, en silence. L'inquiétude me gagne jusqu'au plus profond de mes entrailles. J'agrippe énergiquement les pans de sa chemise tandis que les larmes s'amusent à glisser sur mes joues rosées.

- T-tōji... M'en veux pas... Avec Ren, je... Je voulais pas, larmoyé-je d'une voix étranglée.

Un flot d'émotion traverse ses yeux argentés et un instant, l'indignation prend le pas sur le reste. Il me repousse en attrapant mes poignets et avec un rictus sur les lèvres, tourne la tête vers la baie vitrée pour échapper à mon regard implorant. Mes pleurs redoublent d'intensité en le sentant se refroidir.

Je pousse un cri désespéré, mélangé par les sanglots et les raclements de ma gorge.

- Le seul que je veux, c'est toi ! Ça a toujours été toi ! reprends-je avec plus d'ardeur.

Mon regard déterminé cherche le sien. J'avance d'un pas, me colle à son corps imposant. Le mafieux retient un soupire et les sourcils froncés, se décide à se confronter à mon regard. Il relâche mes poignets et les bras ballants le long de son corps, reste immobile lorsque je m'approche.

- En es-tu sûr ? Il se pourrait que les malheurs continuent de pleuvoir en restant à mes côtés, répond-il en plissant les yeux.

Je me mets sur la pointe des pieds et mes lèvres proches des siennes, je vibre de sensation en l'observant.

- Au point où j'en suis... Tu sauras me faire tout oublier, susurré-je.

De nouveau, il garde le silence. Ses yeux acérés m'étudient et tentent de sonder mon âme, à la recherche de la vérité absolue. Je passe une main sur sa nuque, fatigué de lutter. Mon énergie dévastatrice se canalise à ses côtés. Mon cœur cesse de tambouriner dans ma poitrine et ma respiration ralentit d'un cran. Petit à petit, je m'apaise.

- S'il te plaît... Fais-moi tout oublier... murmuré-je en fermant les yeux.

Une larme roule sur ma joue, dévale mon cou et s'échoue sur mon t-shirt.

Tōji prend une longue inspiration, passe ses mains derrière mes cuisses et me soulève avec une facilité déconcertante. Je m'accroche à sa nuque, mes pupilles vibrantes de soulagement.

Est-ce que tu veux bien combattre mes démons ?

J'écrase mes lèvres contre les siennes sans interruption, martelant sa bouche de baisers désespérés. Mon amant nous mène à notre chambre et me dépose délicatement sur le lit. Au contact du matelas, je me redresse et retire hâtivement mon t-shirt que je balance par la suite dans la pièce. À la vue de mon torse amaigri, le yakuza contracte sa mâchoire. Il passe ses doigts sur ma fine clavicule et le trouble habite ses prunelles grises. Un genou sur le lit, il recule avec une expression effarée sur le visage.

- Bon sang, jure-t-il entre ses dents.

- Non ! Je t'interdis de te défiler, m'exclamé-je.

Je m'agenouille sur le matelas et défait sans attendre les boutons de sa chemise. Face à mon empressement, ils sautent à l'unisson. Le mafieux émet un lourd grognement et chasse ses mauvaises pensées d'un hochement de tête. Il retire sa chemise et la laisse tomber au sol. Il s'attaque aussitôt à la boucle de sa ceinture tandis que de mon côté, je retire mon jean devenu trop grand pour moi. Mon caleçon le rejoint rapidement et nu, je m'allonge en tremblant. Mon torse s'élève et s'abaisse dans un rythme irrégulier et mes membres tremblotent en continu.