Emiko m'a ramenée à l'appartement de Tōji en fin d'après-midi. A la fenêtre, j'ai aperçu la voiture de Choso qui était garée non loin de là. Evidemment, il ne me lâche pas. Si je désire sortir, il sera sur mes côtes. Je ne sais pas si je vais pouvoir supporter cette situation bien longtemps même si Choso s'avère être quelqu'un d'agréable.
Après avoir avaler un repas rapide, je me suis endormi sans aucune de nouvelle du mafieux.
Quelques jours plus tard, en début d'après-midi, je me retrouve à faire le ménage. Une serpillère à la main, je m'arrête un instant en passant une main sur mon front dégoulinant de sueur. Nettoyer toutes ces surfaces m'a épuisé. J'ai cru que je n'en verrai jamais la fin. Quelle idée d'avoir un appartement aussi grand ?
J'aurais dû renoncer au ménage dans notre accord. C'est tellement barbant !
Tōji m'avait assuré que je serais traité en roi mais finalement, je suis devenu Cendrillon. Ce chien m'a encore embobiné.
Grommelant dans ma barbe, je reçois plusieurs messages d'Isao. Aujourd'hui je dois effectuer quelques livraisons et notamment dans des quartiers huppés. Ce n'était pas prévu au programme et je sens que mon mentor est tendu à travers ses messages. Des problèmes avec les cargaisons ?
D'ailleurs, tout le monde semble tendu en ce moment. J'ai l'impression qu'il se passe certaines choses au sein du clan et bien sûr, personne ne m'en informe.
Alors que je m'affale sur le canapé, lessivé par tout ce travail physique, je sursaute en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. Mon sang ne fait qu'un tour et je réalise que le yakuza vient de rentrer de son voyage d'affaires.
Je tourne la tête, le souffle coupé. L'atmosphère change radicalement quand il pénètre dans le grand séjour. Une mallette dans la main, tirant sa valise de l'autre, il marche d'un pas las vers sa chambre.
Des cernes se sont creusées sous ses yeux et son teint est moins éclatant qu'habituellement. Il porte la fatigue sur lui et sans doute une humeur massacrante. De toute manière, c'est toujours à ce moment-là que j'interviens.
Je bondis du divan et me poste face à lui. Les sourcils froncés et les bras croisés, je bombe le torse et tape du pied.
- Bonjour, non ? Tu ne sais pas répondre au téléphone ? déclaré-je, l'irritation se trahissant dans ma voix.
Il s'arrête net et ses yeux acérés se posent sur moi. Un instant, il me détaille puis continue son chemin jusqu'à la chambre.
- Bonjour, répond-t-il seulement dans un calme plat.
Pas vraiment décidé à en rester là, je le suis et grimace en voyant que le sol est encore mouillé. Bordel, j'ai fait tout ça pour rien !
- Tu étais où ? Pourquoi tu ne m'as pas répondu au téléphone ? Et c'est quoi cette histoire de garde du corps ? enchainé-je en entrant dans sa chambre.
Il pose sa mallette sur une console et retire sa veste en silence. Je sens mes membres se tendre.
- Oh, je te parle ! T'as perdu l'usage de la parole ? Allô, Tōji, j'attends des explications ! ajouté-je un peu plus brusquement.
Le yakuza retire sa cravate et défait quelques boutons de sa chemise grise. Je suis ses mouvements du regard alors que mes nerfs menacent d'exploser.
Je m'approche rapidement et agrippe son bras.
- Je te parle espèce de fumier, ne fait pas comme si je n'étais pas là !
Le mafieux se retourne subitement et attrape mon visage d'une main. Sa prise est forte et me laisse sans voix. Il plante son regard orageux dans le mien.
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Yakuza
RomanceYakuza [ BxB ] Yoshiro Tamura est un jeune homme de vingt-trois ans. Récemment arrivé à Tokyo, il se démène à joindre les deux bouts pour survivre dans cette ville dense. Enchainant les petits boulots, il va se retrouver finalement mêlé à un monde s...