Yakuza

Chapitre 38

Dans la semaine, j'ai contacté Emiko pour proposer une sortie avec Saki et moi.

Finalement, nous nous retrouvons dans un bar à chat, au dernier étage d'un building, à Shibuya.

Emiko et moi sommes déjà installé autour d'une table en bois rose, sur des petits fauteuils en velours de la même couleur. La décoration est épuré, abordant des couleurs pâles. Les nombreux chats de l'établissement se promène à travers le salon, grattant des caresses et des friandises aux autres clients.

Emiko passe sa main lorsqu'un chat roux marche près d'elle. Elle lui offre ses meilleures caresses et tente de l'attraper mais il déguerpit rapidement. T'inquiètes mec, j'aurais fait pareil.

Elle ronchonne quelques secondes et reporte son attention sur moi. C'est elle qui a décidé de venir ici, dans cet endroit. Ce lieu est tellement cocooning, tellement mignon que je dévisage longuement mon amie. Avec son style de femme fatale, j'ai du mal à l'imaginer s'extasier devant les pâtisseries et le thé à la rose. Pourtant, elle a l'air totalement dans son élément. Ce n'est pas sa première fois ici.

Saki nous rejoint quelques minutes plus tard. Il arrive en trombe et grimace en manquant de marcher sur la patte d'un chat. Ledit chat lui adresse son plus beau grognement et part d'un air dédaigneux, fouettant l'air à l'aide de sa queue poilue.

Je porte mon regard sur Saki et constate qu'il a un cocard à l'œil. Qu'est-ce que... ? Je fronce les sourcils. Il s'est battu ? Ce n'est pas son genre.

Il s'assied à notre table et retire sa veste à capuche en soupirant.

- Un bar à chat, sérieux ? C'est girly.

- J'adore les chats, répond Emiko en ronronnant presque.

- Moi aussi, enchainé-je en haussant les épaules.

C'est vrai que j'adore les chats. Hélas, ma grand-mère était allergique alors je n'ai jamais pu en posséder un. A Tokyo, avec la vie mouvementée que je mène, je pense qu'il est également préférable d'abandonner l'idée.

Mon regard reste porté sur la blessure de Saki. Je n'arrive pas à me détacher de son hématome.

- Qu'est-ce que tu t'es fait ? demandé-je, les yeux plissés.

- Oh rien, je me suis cogné contre la porte ! dit-il l'air de rien.

Il attrape la carte et scrute le menu. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai du mal à le croire. Saki est certes maladroit mais je ne pense pas que se cogner contre la porte puisse provoquer une telle trace. Et en blessure, je m'y connais un peu. Quelqu'un lui a frappé le visage, c'est certain.

Emiko me jette un regard, m'incitant à garder le silence. J'obtempère en grognant, tout de même bien décidé à savoir le fin mot de l'histoire. Si quelqu'un ose toucher à Saki, je promets de le réduire en bouillie.

Nous commandons rapidement auprès de la serveuse et peu de temps après, celle-ci nous ramène la commande.

Elle dépose une limonade pour Saki, un thé bien fumant pour Emiko et un cappuccino pour moi. N'ayant pas pris de petit déjeuner ce matin, j'ai également opté pour un cheesecake. Je dois bien avouer que cette pâtisserie est mon pêché-mignon depuis que je suis petit alors lorsqu'une occasion se présente devant moi, je ne peux pas résister.

Un chat au pelage blanc bondit et saute sur les genoux de Saki qui se crispe aussitôt. Emiko me pique un morceau du gâteau tout en portant son regard sur Saki.

- Tu n'aimes pas les chats ? dit-elle en fourrant la part dans sa bouche pulpeuse.

- Je préfère les chiens...grommelle-t-il.