Yakuza

Chapitre 52

Tōji

La voiture garée, Ian se précipite pour m'ouvrir la portière. Je sors sans attendre et balaye l'horizon de mon regard orageux. Le petit groupe n'a pas bougé, je les entends rire au loin.

Je me mets en marche, le dos droit et le menton levé. Yoshiro ne m'a pas encore remarqué mais Saki, si. Il se décompose en me voyant et j'apprécie toujours autant l'effet que je fais aux autres.

Il garde le silence, ses yeux s'écarquillant au fur et à mesure de mes pas. Yoshiro est pratiquement dos à moi et semble protégé par le corps du jeune homme. Son bras est toujours autour de ses épaules et je vois le garçon approcher son visage. Un instant, je me fige. Il vient de l'embrasser ? Il a embrassé ma propriété ?

-          Yoshiro ! siffle Saki entre ses dents alors que j'approche dangereusement, les mains dans les poches et une expression lugubre sur le visage.

Le jeune homme tourne la tête sur le côté et m'aperçoit enfin. Il écarquille les yeux et son visage devient livide. Il ne s'attendait pas à me voir ici.

Surprise, bébé.

Je vois Saki reculer d'un pas. Ce garçon a toujours autant peur de moi, c'est déroutant. Comme si j'étais un monstre.

Yoshiro s'écarte précipitamment des bras de son camarade et se tourne vivement vers moi. Je distingue déjà la colère qui brûle dans ses yeux.

Je sais que tu me détestes.

Son camarade l'attrape et le tire rapidement en arrière. Il se poste devant lui afin de le protéger. Le garçon bombe le torse et plante son regard dans le mien. Il a senti le danger venir. Bon instinct, gamin.

Je m'arrête finalement devant lui.

-          Qu'est-ce que vous voulez ? déclare-t-il en me fixant, ses yeux m'étudiant nerveusement.

Il a peur mais ne se dégonfle pas.

-          Bouge, répliqué-je seulement en portant mon attention sur la petite tête qui se débat derrière. Viens ici, toi.

Les autres amis de Yoshiro m'observent, surpris de mon attitude froide. Ils n'ont encore rien vu.

Yoshiro pousse d'une main son camarade.

-          Laisse, Ren, je m'en occupe ! dit-il, les dents serrées.

Son attention se porte sur moi et ses yeux clairs me lancent des éclairs.

-          Qu'est-ce que tu fous là ? Tire-toi, ajoute-t-il.

Ledit Ren reste près de Yoshiro et pose une main sur son bras. Sa proximité commence sérieusement à me taper sur les nerfs.

-          Monte dans la voiture et je t'éviterai une humiliation publique, répond-je calmement. On doit discuter, toi et moi.

Mon amant blêmit en entendant mes propos mais ne se démonte pas pour autant. Comme d'habitude, j'ai envie de dire. Il ricane nerveusement et hausse un sourcil.

-          Ah parce que tu veux discuter maintenant ? C'est trop tard mon vieux, j'ai pas que ça à faire ! Alors fait-moi plaisir et dégage.

Ses narines sont dilatées et la rage se lit sur son visage. Je suis habitué à ses petites crises de nerfs et elles ne m'impressionnent pas vraiment. Je suis capable de dompter les animaux les plus récalcitrants.

-          Yoshiro, tu sais que je ne suis pas quelqu'un de patient. Monte dans la voiture, dis-je doucement.

-          Va crever, siffle-t-il en me tournant le dos.