Chapitre 81

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Alors que je suis en plein sommeil, des brides de voix parviennent à mes oreilles. Je me tourne sur le côté, les traits crispés. Je passe une main sur le matelas et constate que la place à mes côtés est vide. Automatiquement, j'ouvre un œil. La chambre est plongée dans le noir mais de la lumière se glisse à travers l'embrasure de la porte. Je me redresse mollement, les cheveux en bataille et les yeux à moitiés ouverts. L'heure sur le réveil m'indique qu'il est tard dans la nuit et je suis surpris de voir que Tōji n'est plus là.

Bien qu'il rentre souvent tard du travail, lorsqu'il est à la maison, il reste jusqu'au lendemain. Cela ne lui arrive jamais de partir en plein nuit. Un peu contrarié par cette nouvelle, je descends du lit et enfile mon short qui git au sol puis quitte la pièce en trainant les pieds. J'accède au couloir et aperçois de la lumière provenant du salon. À pas lent, une main posée sur le mur, je déambule discrètement. Les mêmes voix que j'avais entendu précédemment refont surface.

- ... Je vous remercie de vous être déplacés jusqu'ici, monsieur Huang, déclare la voix grave de Tōji.

Un peu perplexe, je m'approche jusqu'à pouvoir pleinement entendre la conversation sans pour autant qu'on puisse détecter ma présence.

- Le vol était long, éreintant ! Néanmoins, je suis soulagé d'être arrivé sans encombre. Mais dîtes-moi, monsieur Kobayashi, vous ne m'avez pas fait venir pour rien, n'est-ce pas ? répond l'homme dans un accent Chinois.

Je plisse les yeux en découvrant qu'une nouvelle personne se trouve ici. Je m'approche de nouveau et enfin, je remarque les personnes présentes. Ian et Akira se trouve derrière le divan, debout et les mains dans le dos. Tōji est assis sur le canapé, les jambes croisés. Il tient un verre de whisky dans les mains. Il a abandonné le pantalon décontracté pour retrouver sa tenue habituelle : le costume.

Sérieux, même à trois heures du matin ?

En face de lui, sur l'autre canapé, je découvre un homme à forte corpulence et petit de taille. Ses cheveux sont noirs, coupés à ras. Il porte des lunettes et ses joues sont bouffies. Vêtu également d'un costume, il prend tranquillement son verre de whisky. Deux hommes l'accompagnent, posté derrière lui, le dos droit et le menton levé. À première vue, ils sont asiatiques et si j'ai bien reconnu l'accent de l'homme, ils sont d'origine chinoise.

Je reste de côté, observant la scène en silence. Qu'est-ce qu'ils font tous là à cette heure-ci ? J'observe du coin de l'œil Akira, irrité à l'idée qu'il soit dans l'appartement.

C'est chez moi, ici !

- Absolument pas. Comme je vous en ai informé dans mes courriers, je souhaite faire une alliance avec vous, rétorque le mafieux.

- Une alliance ? Pour quelle raison ?

- Comme vous avez pu le constater, le monde de l'ombre s'agite. Les clans des divers pays commencent à s'activer et nos propres organisations se voient mises à l'épreuve. C'est pour cela que je souhaite avoir toutes les ressources de mon côté, annonce Tōji en reposant son verre.

- Vous allez rentrer en guerre avec la Russie et vous avez besoin d'aide...

- Exactement.

Sur ses mots, le yakuza lève une main en l'air et Ian s'écarte pour attraper une mallette qui était posée sur le buffet. Il revient et pose l'objet sur la table basse.

Tōji se penche, les coudes posés sur ses cuisses. Il ouvre la mallette et le contenu me laisse sans voix. Quelques lingots d'or trônent à l'intérieur, brillant de mille feux.

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