Chapitre 113

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Depuis la rencontre avec Ryo Suzuki, les choses ont quelque peu changé. Tōji reprend vigoureusement du poil de la bête et dorénavant, il s'efforce de marcher sans sa canne. La douleur est toujours présente et ses blessures ne sont pas complètement guéries mais le mafieux semble être obstiné. Je ne peux que l'applaudir pour son mental d'acier.

Emiko, de son côté, se rétablie petit à petit. Elle a recommencé à marcher et à s'alimenter correctement. Néanmoins, elle reste encore en convalescence et son organisme demeure faible.

Comme précédemment, le reste du clan et moi restons isolé dans l'appartement du mafieux. Le loft de Tōji est devenu un véritable QG et voir tous ses hommes en costume me flanque la nausée. Après la discussion avec le maire, les mafieux ont commencé à élaborer divers plans pour contrer Aleksander. Tard le soir, Katashi, Ian, Choso et Tōji se retrouvent souvent autour d'une table, des documents et des cartes géographiques éparpillés un peu partout et bien entendu, ils sont toujours accompagné de cognac ou de whisky.

De mon côté, je reste inactif. Il est hors de question que j'agisse sous l'impulsivité, cela a toujours eu tendance à me porter préjudice. Pour une fois, j'obéis aux instructions de mon amant et j'attends patiemment. De toute manière, ma seule priorité à l'heure actuelle est de m'occuper d'Emiko. Prendre soin d'elle m'éloigne de l'isolement qui s'est creusé en moi depuis l'accident. L'avoir à mes côtés est un réconfort permanant.

C'est ma meilleure amie, ma sœur.

En début de soirée, alors que la jeune femme et moi sommes affalé sur le canapé en train de regarder une émission qui n'a aucun sens, Isao déboule dans l'appartement. Muni d'une enveloppe, il avance à grand pas vers la table du salon où le yakuza patiente calmement. Les traits crispés, un rictus mauvais sur les lèvres, il jette furieusement l'enveloppe sur la table.

-          Voilà l'adresse. C'est au nord de la ville. Le rendez-vous est arrangé, siffle-t-il.

Tōji lève les yeux vers lui et l'étudie pendant quelques secondes. En silence, il saisit l'enveloppe et la range dans sa poche. Par la suite, il se lève et boutonne sa veste de costume.

-          Bien. Tu viens avec moi, je sais que tu es efficace pour les massacres, déclare le yakuza en le défiant du regard.

Isao cale une cigarette dans sa bouche et lâche un rire nerveux, ses yeux observant son patron avec un soupçon d'incompréhension.

-          Comment ? Je ne devais pas surveiller les mômes ?

-          Ce n'est pas la peine, Choso va s'en charger.

-          Tōji-sama... marmonne-t-il avec prudence.

-          Qu'il y a-t-il ? Tu ne désires pas venger ton clan ?

Isao garde le silence. Un duel de regard s'installe entre les deux hommes et l'atmosphère devient soudainement pesante. Le rabatteur s'essuie le nez d'un revers de main et renifle bruyamment. Ses yeux sont dilatés et la transpiration brillent sur les rides de son front.

-          Bien sûr que si.

-          Bien, le sujet est donc clos, réplique Tōji en passant près de lui.

Il s'arrête et le regarde du coin de l'œil, ses iris sombres le dévisageant.

-          Quel tourment subis-tu pour te droguer de la sorte... hein, Isao ? chuchote-t-il.

Isao ne répond pas et observe le bout de ses pieds, le regard vide. Tōji s'éloigne de lui et s'approche du divan.

-          Nous y allons. Comme promis, pas un mouvement. Choso restera devant l'entrée. Vous savez où sont rangé les armes.

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