Chapitre 140

697 58 19
                                    


Après avoir emprunté une multitude de transport, nous arrivons finalement au quartier d'Odaiba, l'île artificielle de Tokyo réputé pour son côté futuriste, ses bars à sushis et sa grande roue donnant vue sur le mont Fuji. Je ne fréquente pas souvent ce quartier, étant éloigné du mien. Avec Ian, nous marchons pendant quelques minutes avant d'entrer dans un immeuble comportant plusieurs entreprises. L'immeuble est petit et les étages se succèdent. Nous passons devant des restaurants et des boutiques de prêt à porter avant d'arriver à la rage room.

- Comment tu as connu cet endroit ? demandé-je en entrant dans l'établissement.

Ian m'emboîte le pas, le menton relevé. Il pose son regard sur le comptoir d'accueil et d'un mouvement d'épaule me fait signe de le suivre.

- Par hasard. J'avais pensé à une déchetterie en premier lieu mais c'est illégal. Tu es un garçon normal alors il faut que tu fasses des choses normales, répond-il d'un ton détaché.

Je fronce le nez face à sa nonchalance et fourre mes mains dans les poches en patientant à ses côtés. L'agent d'accueil nous fait signer une décharge puis nous amène dans une salle où l'éclairage est vif. Après s'être équipé de casque, protège main et lunette de sécurité, Ian attrape une batte de baseball et la tapote contre sa paume. Il me lance un sourire amusé et d'un mouvement de menton, me désigne les nombreux objets à exterminer.

- Les objets à la place de Tōji-sama.

- Pff, ça reste à voir, marmonné-je en me tournant vers le tas d'objet.

Il y a de tout. Autant d'ustensile de cuisine que d'électroménager. À ma grande surprise, il est même possible de détruire des écrans de télévision et des ordinateurs. Je prends une longue inspiration.

- Est-ce que ça va vraiment me défouler ? soufflé-je.

- Pendant un temps, jusqu'à ce que tu te décides à te confronter à tes vrais problèmes.

- Tu es donc d'accord avec moi pour catégoriser Tōji de problème.

Ian plisse les lèvres en retenant un ricanement. Il secoue la tête et passe une main dans sa nuque, une expression désabusée sur le visage.

- Tu m'arraches les mots de la bouche...

- Je peux être super fier étant donné que tu es habituellement muet comme une taupe ! raillé-je en esquissant un grand sourire.

L'Américain fait quelques pas dans la pièce et cogne brutalement sa batte contre l'écran d'une télévision. Elle se brise sous le coup puissant. J'ouvre la bouche, impressionné.

- Je pense que tu l'as remarqué mais j'ai changé. Je n'ai jamais été quelqu'un d'expressif, lance-t-il en faisant tournoyer sa batte dans sa main.

- Tu paraissais comme quelqu'un d'insensible.

- C'est le cas. Je me fiche du monde, de la société et des gens. Je ne ressens rien mis à part de l'ennui. Du moins, jusqu'à deux ans. C'était étrange, avoue-t-il en me lançant un regard.

J'attrape une barre de fer qui était coincée dans un angle, m'approche d'une pile d'assiette en porcelaine et lance un coup qui les projette à l'autre bout de la pièce. Le verre se brise et les débris jonchent le sol. Mes lèvres s'étirent pour former un sourire satisfait.

Mon cœur s'accélère et l'adrénaline se répand dans mes veines. C'est excitant et terriblement satisfaisant.

- Qu'est-ce qui a changé ?

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant