Chapitre 86

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La tête basse, je passe devant Tōji sans lui adresser un seul regard. Il m'attrape subitement le menton et tourne ma tête afin qu'on se regarde dans les yeux.

- C'est quoi encore cette histoire ? tonne-t-il sèchement.

- Rien, lâche l'affaire, m'exclamé-je en repoussant sa main.

J'entre dans le séjour en soupirant. Je ne suis pas d'humeur à débattre ni même à me disputer. J'ai juste envie de prendre une douche et de filer au lit.

Tōji me suit et m'attrape fermement le poignet. Je me retourne vivement, les dents serrées.

- Lâche-moi ! T'étais pas censé être au travail, toi ? grogné-je en le dévisageant.

- Si, jusqu'à qu'on m'informe de ta connerie.

- J'ai pas fait de connerie ! J'ai protégé une copine, réponds-je d'un ton acerbe.

Le mafieux me toise longuement, un rictus sur les lèvres. Ses yeux circulent sur mon corps et mes vêtements débraillés. Il avance d'un pas.

- Une 'copine' ? siffle-t-il d'un air méfiant.

- Ouais, une copine. Elle voulait même que je rentre avec elle, vois-tu, provoqué-je en élargissant mon sourire mauvais.

- Tu cherches encore à attirer mon attention ? Mauvaise idée, Yoshiro, gronde-t-il.

- Le monde ne tourne pas qu'autour de toi, Kobayashi ! raillé-je en déformant mon sourire.

- Ne m'appelle pas comme ça.

- Quoi ? Tu préfères 'petite forêt' ? C'est vrai que c'est ce qui te va le mieux !

- Tu dépasses les bornes ! s'exclame-t-il en me jetant sur le canapé d'une poigne ferme.

Je rebondis sur le divan en grimaçant. Les coudes posés sur le tissu, je me redresse en m'affolant.

Merde, je l'ai vraiment mis en rogne !

Katashi porte son poing sur sa bouche et émet une petite toux.

- Je vais y aller, monsieur... souffle-t-il en détournant le regard.

Tōji retrousse ses lèvres dans un rictus mauvais. Il tourne légèrement la tête vers son homme de main.

- Bien. Merci, Katashi.

- Avec plaisir, monsieur et bonne nuit...

L'homme de main se retire sans attendre, gêné à l'idée d'assister à cette dispute. Le yakuza se retourne vers moi et relève les manches de sa chemise. Son expression est impassible et ses yeux lancent des éclairs.

J'vais passer un sale quart d'heure.

Tandis que je me racle la gorge, il grimpe sur le canapé et se cale entre mes jambes. Il relève ma chemise et pose une main sur un bleu apparent. Je commence à m'agiter.

- Hé, tu fais quoi ? Bouge de là ! grommelé-je.

- Les sorties ne te réussissent pas. Tu es couvert de bleu !

- Eux aussi, j'te rassure ! Je leur ai bien pété la gueule ! ricané-je fièrement.

- Tu n'es qu'un petit con.

Piqué au vif, je relève la jambe et le repousse à l'aide de mon pied. Il m'attrape fermement le mollet en plantant son regard dans le mien.

- Qu'est-ce que je t'avais dit si tu te faisais attraper par les flics ?

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant