Chapitre 28

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Yoshiro

Allongé sur mon futon, j'observe le plafond, un bras replié sur mon front.

Ma chambre est faiblement éclairée d'une petite lanterne en toile, posé près de moi.

Ça fait une semaine que je loge chez Katashi et je me sens toujours aussi mal. Mes blessures guérissent petit à petit grâce aux soins qu'Emiko m'apporte au quotidien. En revanche, celles que j'ai dans la tête restent toujours aussi omniprésente. Chaque nuit, lorsque mon cerveau veut bien s'éteindre, mon subconscient me rappelle les derniers événements. La voix de Seungho Yoon se faufile à travers mes oreilles et s'installe dans mon esprit, m'infligeant une torture insupportable. Il est là, tout le temps, partout. Pourtant, j'ai vu son corps inanimé de mes propres yeux, j'ai vu son regard dépourvu de vie et son teint perdre de la couleur. Je l'ai vu mourir et il est toujours là. Il me suit, me torture, m'oppresse. Je veux que ça s'arrête.

Emiko est là, me soutient, me chouchoute mais ça ne suffit pas. J'ai l'impression d'avoir besoin de plus et je me sens terriblement ingrat. Elle se décarcasse pour mon bien-être et moi, je me renferme dans ma chambre. Je ne suis qu'un idiot.

Je me recroqueville sur moi-même en regardant le vide, une moue sur le visage. Tout a dégringolé avec le flashback de mon enfance. Je ne pensais pas qu'un jour je me remettrai à penser à cela. Dans mes souvenirs, c'était tellement flou, tellement vague. Au port, lorsque ça m'est revenu en mémoire, c'était clair et distinct. J'étais un petit garçon terriblement triste. Est-ce toujours le cas, actuellement ?

Plongé dans mes pensées, je ne vois pas tout de suite que la porte est grande ouverte et qu'Emiko m'observe, appuyé contre l'embrasure de la porte. Mes yeux dérivent vers elle et je distingue à travers la pénombre son petit sourire en coin.

- Viens au salon, il y a une surprise pour toi.

- Quoi ?

- C'est une surprise, je ne peux pas te le dire.

- Je n'aime pas trop les surprises, avoué-je en haussant un sourcil.

- Arrête de faire l'enfant et viens !

- Ok ok...

Je me lève doucement de mon lit et après m'être étiré, je traine des pieds en sa direction. Excitée comme une puce, elle sautille légèrement et s'empresse de rejoindre le salon. C'est qui l'enfant, là ?

Ne comprenant pas sa soudaine excitation, je frotte mes avant-bras nus et la suit.

Alors que je pose un pied dans le grand salon, je m'arrête soudainement.

- Tadaaaa ! s'écrie mon amie en désignant des deux mains la silhouette que j'aperçois.

J'ouvre la bouche mais aucun son n'y sort. Qu'est-ce que... ?

- C'est moi ! Sympa la surprise, hein ? rit Saki en s'agitant, manquant de faire tomber les paquets qu'il tient en main.

- Saki... ? dis-je, incrédule.

Je sais que je ne dors pas beaucoup ces derniers temps mais je ne suis pas encore au stade d'avoir des hallucinations. Emiko m'aurait drogué à mon insu ?

- Qui d'autre ? Je ne ressemble qu'à moi ! s'exclame-t-il en posant les paquets sur le buffet qui se trouve près de lui.

Les mots ne veulent pas sortir alors je laisse mes jambes me guider. Elles se précipitent vers mon meilleur ami et aussitôt, je le prends dans mes bras dans une étreinte brusque. Il manque de tomber à la renverse et pose ses mains dans mon dos en riant.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant