Chapitre 9

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Je manque de m'étouffer lorsqu'elle m'appelle '40 dollars'. J'ai l'impression que tout le monde s'est ligué contre moi aujourd'hui.

La fille s'avance vers Isao et moi puis se jette à moitié sur le canapé en poussant un long soupire. Ses cheveux de jais sont tout emmêlé.

Je la suis du regard d'un air méfiant. Isao écrase sa cigarette en portant son attention sur elle.

- Alors, t'as tout récupéré ?

- Bien sûr et avec les intérêts.

La barmaid sort plusieurs liasses de billet des poches de sa veste en cuir. Elle les jette sans douceur sur la table en verre. Isao attrape un des paquets en faisant mine de compter le contenu.

- Bon travail, Emiko. Comme toujours.

- Ma part, je te prie, cingle-t-elle de sa petite bouche rosée en papillonnant des yeux.

Isao la fusille du regard. En marmonnant dans sa barbe, il sort quelques billets de la liasse.

- J'ai un autre job pour toi.

- J'écoute.

Emiko croise les jambes en redressant son buste, les yeux plissés. Elle est détendue, calme et concentrée. Je l'observe du coin de l'œil. Elle n'est pas qu'une barmaid finalement...

Isao range les liasses dans un gros sac en cuir et fait signe à Shota de l'amener ailleurs. Il reporte aussitôt son attention sur Emiko. Par curiosité, je viens m'asseoir près d'elle. Elle me jette un petit regard, un de ses sourcils parfaitement épilé relevé.

- Le p'tit a perdu la marchandise du jour mais par chance, j'ai encore du stock. Il faudrait me livrer quelques sachets vers le nord de la ville.

- Décidément, on entend beaucoup parler de toi ces derniers-temps... déclare-t-elle en me lançant un nouveau regard.

Je lève les yeux au ciel en me renfrognant sur le canapé. Ils ne veulent pas passer à autre chose un de ces jours ?

- Combien d'adresse ?

- Plusieurs mais elles se retrouvent dans le même quartier. Des petites doses, rétorque Isao en pianotant sur son portable.

- Je n'aime pas livrer cette merde, peste-elle en le toisant du regard.

Ses iris vertes brillent d'un éclat furieux.

Isao esquisse un sourire narquois sur son visage marqué par la rudesse de la vie.

- Je te paierai double.

- Triple.

- Argh, Emiko !

- Ce n'est pas mon job.

- Entendu, cède-t-il finalement en soupirant.

Le rabatteur sort de nouveaux des billets et les jette sur la table.

- Prend le gosse avec toi et rentrez avant que la nuit de tombe. Je vais t'envoyer les adresses.

- Le gosse ? Hors de question !

- Euh alors je crois que je suis plus âgé que toi déjà et... ensuite... Pourquoi je dois y aller avec elle ? T'as pas peur que je perde encore la marchandise, vieux crouton ? sifflé-je entre mes dents, l'irritation m'envahissant.

Isao roule des yeux sans retenu tandis que Emiko se lève d'un bond puis retourne sur les traces de sa moto.

- Ça ne risque pas d'arriver avec Emiko, répond Isao.

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