Chapitre 53

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Yoshiro

Des gouttes d'eau tombent soudainement sur mon visage pâle et froid. Je ralentis doucement ma course et lève la tête vers le ciel qui se teint en noir. Des nuages le traversent et laisse la pluie s'abattre sur la ville.

La pluie devient plus furieuse, se transformant en averse. Je laisse l'eau couler le long de mon visage et mon regard terne se pose sur l'immeuble où je vis désormais.

Il m'a dit de rentrer et c'est bien ce que je compte faire. Seulement, je ne reste pas.

Je m'en vais.

J'entre dans l'immeuble et accède à l'appartement du yakuza, les vêtements et les cheveux trempés. Choso ne m'a toujours pas retrouvé et je suis soulagé de son absence. Je ne suis pas apte à subir une autre confrontation même si celle-ci serait moins virulente qu'avec Tōji.

Rien n'est jamais pire que Tōji et je le comprends que maintenant. J'ai été idiot et naïf. Comment ai-je pu croire que tout se passerait bien avec le mafieux ? Le mot est là. C'est un mafieux. C'est un tueur. C'est un homme sans pitié. Il ne m'aura apporté que les ténèbres. C'est mieux ainsi... N'est-ce pas ?

Pourtant mon cœur se serre. Je suis tellement fatigué que je n'ai plus la force de pleurer.

J'ai l'impression de tout perdre. Pourtant... Au fond... Je n'ai jamais rien possédé, hein ? Comme d'habitude, je me suis bercé d'illusion.

J'avance en reniflant vers ma chambre et sort un sac de mon armoire. Aussitôt, je fourre mes vêtements là-dedans, ne prenant même pas la peine de les plier. J'attrape mes photos de famille et les range correctement au-dessus des vêtements. Elles sont ce que j'ai de plus précieux.

C'est la seule chose qui m'appartienne réellement.

Les yeux rougis, je rabats ma capuche sur ma tête et quitte la chambre. J'arrive à l'entrée et avec un dernier regard que j'adresse derrière moi, je sors de l'appartement où je ne mettrai plus jamais les pieds.

De toute manière, depuis le début, c'était une mauvaise idée. Je le sentais au fond de moi. Cette situation était trop surréaliste pour qu'elle soit réelle.

Je referme la porte derrière moi et relève la tête en apercevant la silhouette de Choso. Lui aussi est trempé jusqu'aux os et l'eau dégouline de ses cheveux bruns. Il plante son regard dans le mien. Ses yeux brillent d'une rage contenue.

Il doit me haïr et il a bien raison.

- Je suis désolé, murmuré-je en esquivant son regard.

Je me décale sur le côté pour le contourner et avance d'un pas. Choso pose une main ferme sur mon épaule. Je retiens mon souffle. Il veut se venger ?

- J'ignore les raisons qui te pousse à agir de la sorte mais ne me fait plus jamais cela. Comment puis-je te protéger si tu t'amuses à me malmener ?

C'est vrai. En réel danger, Choso aurait été incapable de me protéger.

- Je suis désolé, répété-je comme si ça allait changer quelque chose.

Je me pince la lèvre inférieure, fixant le vide tandis que mon garde du corps émet un long soupire en passant une main dans ses cheveux mouillés.

- Où vas-tu ? demande-t-il.

- Je m'en vais, dis-je seulement sans rentrer dans les détails.

Bien sûr que je compte partir comme un lâche. Je ne veux pas que Tōji soit au courant.

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