Chapitre 97

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Je suis tellement souvent confronté aux problèmes que lorsque je vois les autres en avoir, je jubile intérieurement.

Discrètement, je porte mon verre à mes lèvres et glousse silencieusement. Voir la furie d'Emiko se déployer et effrayer les autres clients me procure un plaisir sans nom.

Elle relève le menton et pose une main sur sa hanche, un sourcil élevé.

-          Tu as des preuves pour les saloperies que tu avances ? Si tu es un trou du cul au poker, ce n'est pas ma faute, tranche-t-elle sèchement.

L'homme, semblant d'origine chinoise, ouvre la bouche, totalement outré devant ses propos vulgaires. Il bombe le torse, une affreuse grimace déformant son visage.

-          Je vous demande pardon ? émet-il d'une voix étranglée.

-          Tsk, juge-t-elle en le regardant de haut en bas.

-          Madame, monsieur, un peu de calme je vous prie ! Il est vrai que cette chance inouïe peut paraitre étrange mais aucune règle n'a été transgressée. Si vous désirez continuer la partie, je vous prierai de vous asseoir dans le calme ou bien alors, de vous éloigner de la table, déclare le croupier.

Il passe une main sur son front, le stress se lisant dans son regard. Le client serre les dents et après avoir dévisagé tout le monde, s'éloigne en pestant dans sa barbe.

-          Quatre mille dollars ! Elle m'a pris quatre mille dollars ! rouspète-t-il au loin.

Effectivement, il y a de quoi péter les plombs.

Le calme revient au centre du jeu. Emiko s'assoit et défie les autres joueurs du regard. Son expression est ferme et dure. Elle semble vraisemblablement contrariée. Du bout des doigts elle tapote la bordure de la table, ses yeux émeraudes fixant le croupier qui mélange maladroitement les cartes.

Une tension effroyable.

Je plains ce pauvre homme qui va devoir supporter l'humeur massacrante de la princesse Emiko. Elle n'est pas facile à vivre, je le sais.

Légèrement amusé, je décide de m'asseoir à ses côtés. Elle semble se détendre en me voyant.

-          Eh bien, où étais-tu ? dit-elle en me jaugeant du regard.

-          J'ai pas réussi à entrer, Kaede m'a aidé.

-          Intéressant, glousse-t-elle en reportant son attention sur les cartes qui défilent entre les mains des joueurs.

-          Parait-il que tu causes du grabuge ? chuchoté-je d'un ton pompeux.

Les yeux rivés sur ses propres cartes, elle reste stoïque devant mes paroles. Sa concentration est ultime et rien ni personne ne pourrait la déranger.

-          Je sais jouer, voilà tout, répond-elle avec un brin de malice dans la voix.

-          Tu as raflé quatre mille dollars !

-          À lui. Les autres, c'était beaucoup plus et ils n'ont pas fait un scandale pour autant ! riposte-t-elle.

J'hallucine.

J'émets un soupire et l'observe jouer en silence. Comme les jeux se font plus calmes, les autres clients s'éloignent et retournent à leur occupation.

-          Tu sais où sont les autres ? demandé-je doucement.

-          Tu veux dire Isao et Akira ?

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