Chapitre 22

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Le Coréen se tourne par la suite vers moi. Ses lèvres se retroussent pour dévoiler ses dents parfaitement alignées.

-          Laisse-moi me présenter. Je suis Seungho Yoon, déclare l'homme calmement.

Mon sang ne fait qu'un tour. Mes yeux le fixent avec stupeur et mon instinct me hurle de fuir, pourtant je n'en fais rien.

-          Qu'il y a-t-il ? Tu as peur ? continue Seungho en penchant la tête sur le côté.

Il s'approche d'un pas avec une lenteur insoutenable. Je ressens un choc électrique et comme Emiko me l'avait vivement conseillé, je décide de prendre la fuite.

Mes jambes se mettent à courir toute seule, elles aussi effrayées de ce qu'elles ont pu voir. Je le sens, je le sais, je ne suis pas apte à me battre comme lui. Il m'aplatirait sans effort.

Les sens à l'affut et la respiration saccadée, je cours le plus vite possible. Au loin, j'entends des voix se mélanger entre elles. Des hommes ont rejoint le mafieux et après avoir échangés quelques mots, ils se mettent à courir à ma poursuite.

Si je m'arrête, je suis mort.

Là n'est plus question de petites bagarres inoffensives, actuellement, je fuis un mafieux coréen. Et si j'en crois ma chance, il doit être tout aussi terrible que Tōji.

Je contourne le carrefour de la ruelle, manquant de glisser sur une plaque d'égout. Le bruit d'un moteur m'alerte et j'esquive aussitôt la voiture qui passe au feu vert. Merde ! Si je ne fais pas attention, je ne risque pas de mourir des mains de ce type mais plutôt d'un accident de voiture.

Etant pris de court par ce petit contretemps, je me dépêche de reprendre ma course et me faufile à travers les ruelles, cherchant du regard un abri où me réfugier. Qu'est-ce que j'avais dit, auparavant ? Que le quartier de Saki était calme ? Bordel, pas un bar à l'horizon. Ma seule solution reste le métro. Si j'arrive à en chopper un, je pourrai les semer sans qu'ils sachent où je me dirige. Ce n'est pas la meilleure des idées mais elle reste la plus efficace dans l'immédiat.

Le froid me brûlant les joues et la respiration haletante, je prends sur la droite et m'estime heureux de voir le panneau du métro apparaître devant mes yeux. Je ne mettais pas trompé sur le chemin à emprunter.

Les hommes me suivent en criant des mots que je ne comprends pas, sans doute dans leur langue natale. Ils n'ont pas l'air de vouloir lâcher l'affaire. Tant pis, je suis plutôt obstiné comme garçon.

Je m'engouffre dans le sous-sol souterrain, dévalant les escaliers à grande vitesse. Je regarde furtivement les panneaux au plafond. Un métro arrive dans deux minutes. Parfait !

-          Geumahae, gaejasig-a ! ( arrête-toi, bâtard ! ) s'écrie un des hommes en manquant de tomber à la renverse dans les escaliers.

Je tourne la tête en sa direction, un léger sourire amusé sur le visage. Je ne comprends pas le coréen mais je doute qu'il me souhaite bon voyage.

Je saute par-dessus les portillons. Dans ma vitesse, je m'accroche le manteau dans le bout de fer. Rageusement, je tourne dans tous les sens pour me défaire. De toute façon, à force de courir, je n'ai plus froid alors je l'enlève précipitamment en comprenant que je perdrai trop de temps à le retirer.

Ma course se poursuit jusqu'à atteindre le quai du métro. Si j'ai bien calculé mon coup, il devrait arriver d'un moment à l'autre. Je ralentis doucement ma cadence en regardant autour de moi. Les hommes de main de Seungho ne vont pas tarder à me rejoindre. Bordel, dépêche-toi.

Le temps me parait terriblement long et je ne cesse de guetter derrière moi dans la crainte que ces types arrivent à me rattraper. 

Le métro arrive enfin et je sautille sur place, les narines dilatées, prêt à bondir dans la rame dès que les portes s'ouvriront.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant