Chapitre 80

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Les salles d'arcades d'Akihabara sont grandioses, réputées pour leur diversité en jeux vidéo. Plusieurs étages sont dédiés aux arcades, notamment selon les goûts des joueurs. Saki et moi sommes des grands fans de jeux, c'est donc un paradis ouvert pour nous.

Le temps défile et avec l'ambiance tamisée que nous offre ces lieux, je n'ai pas conscience du temps qui passe. Alors que Saki m'extermine à une partie, je me rends soudain compte qu'il faudrait que j'y aille. Complètement déconnecté de la réalité, je n'ai pas réalisé que le soleil s'est couché et que le ciel s'était teint de noir.

- Merde... Faut que j'y aille ! dis-je en regardant l'heure sur mon portable.

- T'as des choses de prévu ? me demande Saki en rangeant son portefeuille.

- Ouais, faut que je passe à la supérette, que je cuisine et tout...

Saki m'observe du coin de l'œil, affichant une mine boudeuse. Il remet correctement son sac à bandoulière sur l'épaule.

- Ton mec te prend tout ton temps. Tu vas cuisiner pour lui, c'est ça ?

- Pas du tout ! Et c'est pas mon mec... rétorqué-je.

- C'est mal d'être dans le déni, marmonne-t-il.

J'esquisse un petit sourire mutin et enfile mon bomber. Je flanque une légère tape dans le dos de Saki puis m'éloigne.

- On s'appelle ! m'exclamé-je alors que je quitte la salle de jeu.

En sortant de l'établissement, je constate qu'en effet la nuit est tombée mais le pire dans tout cela, c'est qu'il s'est aussi mis à pleuvoir. Ne désirant pas être trempé jusqu'aux os, j'accours vers la station de métro la plus proche, ma veste sur la tête pour me protéger de la pluie. Les passants ont l'air d'avoir le même réflexe que moi et se bousculent pour se mettre à l'abri.

J'arrive précipitamment dans la station et dévale les escaliers en trombe. Mes chaussures sont mouillées et sans grande surprise, je glisse sur le carrelage et bouscule l'épaule d'un homme au passage. Je m'accroche à son trench en grimaçant, les yeux écarquillés. Je déglutis en entendant le tissu de sa veste se déchirer.

Cela n'empêche pas que je m'écroule au sol, sur le carrelage froid et sale. L'homme cligne des yeux et m'aide à me relever. Je me masse le bas du dos en grimaçant.

- Je suis désolé... J'ai couru trop vite et... Votre veste ! Je suis vraiment désolé ! m'exclamé-je vivement en voyant l'état de son vêtement.

L'homme semble âgé d'une petite quarantaine. Ses chaussures pointues sont mouillées et ses cheveux bruns sont tout emmêlés. Il porte son regard sur son épaule où est déchiré le tissu et hausse les épaules.

- Oh... Elle a fini par me lâcher, on dirait, constate-t-il.

- Je vais vous rembourser, ne vous en faîtes pas ! Là, je dois vite prendre mon métro mais tenez, voici mon numéro. Appelez-moi et je paierai les frais de couturière, de pressing, peu importe, ce que vous voulez ! enchainé-je d'un ton pressé.

Par chance, un ancien ticket de caisse traine dans la poche de mon jean. Je le sors et fouille dans le reste de mes poches pour me dégoter un stylo. Qui se promène avec un stylo sur soi, franchement ?

L'homme esquisse un léger sourire et me tend un stylo qu'il vient de sortir de son trench. Je cligne des yeux, surpris.

- Ça sera plus facile ainsi, non ? dit-il.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant