Chapitre 127

833 73 15
                                    


Le long couloir où je rode me parait interminable. Depuis le départ de Tōji, le silence règne dans cet étrange endroit. Au fil de mon parcours, je reconnais les infrastructures semblables à un hôtel. Si l'on met de côté la poussière et les meubles usés, cet établissement devait être auparavant luxueux. Mais à cet instant, étant dépourvu de vie et de lumière, cet endroit offre une atmosphère lugubre.

Des sifflements et des chuchotements me parviennent au loin. Le corps engourdi et surtout douloureux, je boite jusqu'à un corridor. Les portes en baies-vitrées sont brisées et en m'approchant, les voix se font plus animées.

Et si c'était les Russes ?

Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je ne suis pas serein. Je suis seul. À quoi bon s'échapper si on me retrouve ? Dans mon état actuel, je suis dans l'incapacité de me battre. D'autant plus que je ne possède aucune arme. À part ma grande gueule, je suis impuissant face aux ennemis.

- Le talkie-walkie ne fonctionne plus ! On ne sait pas où se trouve M.Kobayashi ! s'exclame une voix étrangère.

L'accent est fort mais reconnaissable. Je fonce les sourcils en m'approchant prudemment, une main posée sur mes côtes. La douleur ne cesse d'irradier dans mon corps mais ma volonté est plus forte.

- Concentrez-vous sur votre mission principale. On doit retrouver Yoshiro Tamura, quoiqu'il en coûte. Vous m'avez bien compris ? gronde une autre voix.

L'air s'infiltre dans mes poumons. L'espoir reprend sa place dans mon esprit embrumé.

Je pousse l'une des baies-vitrées qui cède sous mon geste. Le vieux bois grince, s'écrase au sol et à son contact, la poussière s'envole puis s'éparpille dans l'air. La pièce où j'entre m'a tout l'air d'être une ancienne salle de restaurant. Je balaie les environs de mes petits yeux, à la recherche de la présence de mes alliés mais la poussière me cache partiellement la vue.

- Qui va là ?! entendis-je d'un ton féroce.

Je porte une main sur mes yeux pour me protéger du flash des lampes torches qui m'éblouissent. Une grimace apparente sur le visage, je m'appuie sur la vieille embrasure de la porte, épuisé par ma balade nocturne.

- Je...

- Présentez-vous ou on tire !

J'entends le cliquetis des armes qu'on charge. Le métal s'entrechoque et lorsque je retrouve une vue correcte, je vois une armada de d'armes dirigés vers moi. J'écarquille les yeux en me décomposant.

Des hommes en tenues de soldat m'observent avec des yeux froids, les doigts positionnés sur la gâchette de leur arme. L'un d'eux s'avance en position de combat, les yeux plissés et une expression stoïque sur le visage.

- Je suis Yoshiro Tamura ! réussis-je à souffler.

La fièvre fait son apparition et la fatigue engourdit sérieusement mes membres. Je respire faiblement, mon torse s'élevant lentement. L'homme baisse son arme et m'étudie pendant quelques secondes en silence. Il lève sa lampe torche dans ma direction, ses yeux parcourant mes vêtements déchirés et mon visage tuméfié de blessures.

- C'est lui. Baissez vos armes ! Immédiatement ! ordonne-t-il en s'approchant de moi. Avertissez les autres que nous l'avons retrouvé.

- Qui êtes-vous ? Où est mon clan ? émets-je.

- Nous sommes les alliés des yakuzas, tu n'as pas à t'inquiéter. Nous ne te ferons pas de mal.

Quelque peu méfiant, je me redresse et recule d'un pas en inspectant l'homme qui se trouve en face de moi. Il s'arrête en sentant ma réticente et lève ses mains en l'air.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant