Chapitre 70

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Yoshiro

J'ai passé une nuit affreuse. Je me suis endormi tard, attendant le retour de Tōji. Finalement, je n'ai pas pu lutter plus longtemps et j'ai fini par m'endormir dans mon lit sans avoir pu le voir.

Mon sommeil fut plusieurs fois perturbé par quelques cauchemars. Tiraillé dans mon sommeil, j'apercevais des silhouettes sans visage. L'atmosphère était sombre, lugubre. La noirceur m'entourait et m'enveloppait dans un cocon oppressant.

J'avais cette sensation d'étouffement. Je tentais de me défaire de cette emprise mais elle me consumait petit à petit...

Il est encore tôt dans la matinée lorsque j'ouvre les yeux. Frissonnant et épuisé par cette lutte acharnée, je me redresse doucement et observe le vide pendant un court instant.

J'ai transpiré, je me sens sale et j'ai encore cette terrible sensation en moi. Je me sens nauséeux.

Mollement, je descends de mon lit en repoussant la couverture. Étant ramolli, je cogne ma hanche à mon bureau et grimace sous le coup.

-          Ah sa mère... gémis-je en posant ma main sur ma hanche.

Je ne sais pas pourquoi mais je sens que la journée va être longue, très longue...

J'avance de quelques pas et ouvre le tiroir de ma console, à la recherche de sous-vêtements. Une bonne douche me fera le plus grand bien.

Alors que je traine ma carcasse hors de ma chambre, mon petit doigt de pied s'éclate contre la porte et la douleur me submerge. Je pose une main sur ma bouche en devenant aussi rouge qu'une tomate et sautillant sur un pied.

Bordel de merde !

Ça fait tellement mal ! Je souffre à tel point que les larmes me montent aux yeux.

Deux minutes que je suis debout. Deux putains de minutes !

En grognant, je m'enferme dans la salle de bain et file sous la douche.

Ok, bon, ça arrive à tout le monde d'être maladroit et de se cogner. Ça ne veut pas dire que je suis maudit. Faut que je me calme.

Pourtant, je suis d'humeur morose, complètement blasé. Forcément, avec la discussion que j'ai eu la veille avec Ren, il était évident que je sois affecté. Il m'a avoué ses sentiments et même si je m'en doutais, les entendre de vive-voix m'a troublé.

C'est un garçon tellement bienveillant, plein de bonté. Je m'en veux tellement de lui causer tout ce chagrin. J'ai bien vu son regard lorsque je lui ai avoué avoir quelqu'un. Il gardait la face mais semblait attristé.

Je lui ai fait du mal.

Je pousse un léger soupire en sentant l'eau chaude se déverser sur mon corps. Une main sur le carrelage, je fixe le vide, complètement plongé dans mes pensées.

Qu'est-ce que j'aurais pu faire de plus ? Je lui ai dis la vérité et elle était déjà si dure à dire ! Pourtant... J'ai toujours ce pincement au cœur. Cette désagréable sensation qui ne me quitte pas.

En plus, je n'ai pas vu Tōji et ça me mine un peu. Je n'ai pas entendu de bruit dans l'appartement, il est sans doute déjà reparti.

Même s'il s'efforce d'être présent, son travail lui prend beaucoup de temps et je comprends bien qu'il ne peut pas être collé à moi. D'une manière, tant mieux, parce que je ne le supporte pas ! À trop rester ensemble, on finirait par s'entretuer.

Ça arrivera peut-être un jour, qui sait.

Une moue sur le visage, je rince la mousse qu'il y a dans mes cheveux et sort de la douche. J'attrape une serviette propre et me sèche délicatement.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant