Chapitre 1

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La nuit était rapidement tombée et pourtant, Tokyo semblait toujours aussi illuminé avec toutes ces publicités éclatantes de lumière. J'avais encore du mal à m'habituer à toutes ces extravagances que m'offrait la capitale. Il y a quelques mois, je posais mes bagages dans cette grande ville, à la recherche d'une nouvelle vie et peut-être d'une nouvelle identité comme si je voulais fuir mon passé ainsi que la vie que j'avais toujours mené à Fukuoka. Le sud avait ces avantages : le soleil, la chaleur et, le calme. Même si je vivais dans une ville dense, Fukuoka regorgeait de petits endroits paisibles.

En partant, j'ai laissé ma grand-mère en espérant lui accorder enfin un peu de tranquillité.

Depuis la mort de mes parents, ma grand-mère m'a élevé comme son propre enfant et s'est occupé de mon éducation jusqu'à présent. Hélas, je lui en ai souvent fait baver avec mes dérives d'adolescent. Je n'ai jamais manqué une occasion de m'attirer des ennuis. Souvent, ma grand-mère s'est retrouvée à venir me chercher au poste de police...

Mais je me suis tempéré. Avec mes vingt-trois ans passés, je n'ai plus le droit de me comporter comme le sale gosse que j'étais. Je suis un adulte, je dois prendre ma vie en main et cela en commençant par trouver un boulot stable. Vivre à Tokyo est assez difficile si on n'a pas de grosses économies et vu l'état de mon portefeuille actuellement : ce n'est pas le cas. Ça fait déjà quelques temps que je postule dans diverses entreprises mais le manque de réponse m'oblige à trouver des petits jobs temporaires.

Comme ce soir, après un long service éreintant en tant que serveur, je sors à l'extérieur et respire longuement, prenant un grand bol d'air frais. Mes poumons s'emplissent férocement et je me sens tout de suite mieux. L'hiver approche à grand pas mais il est encore agréable de sortir sans greloter.

Le restaurant où je travaille éteint toutes ses lumières et mon collègue Saki sort en trombe de la porte arrière. Toujours aussi joyeux, il manque de me bousculer et fait tomber son paquet de cigarette au sol. Il se met à rire à gorge déployée en se penchant pour le ramasser.

- Hey, Yoshiro, tu ne comptais pas partir comme un voleur quand même ? déclare-t-il avec une pointe d'amusement dans la voix.

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. Je tourne la tête vers lui, mon expression affichant une moue blasée.

- J'ai envie de rentrer chez moi, réponds-je d'un ton las.

- Tu rigoles, mec ? Impossible que tu rentres chez toi avec les pourboires que j'me suis fait ce soir !

Je plisse les yeux sans comprendre où il veut en venir. Qu'est-ce que ça peut me faire qu'il ait empoché un tas d'pourboires ? Voyant que je ne lui réponds pas et que mon regard reste de marbre, il se poste face à moi, les poings sur les hanches.

- Toi et moi on va aller dépenser ça à Kabukichō, rajoute-t-il d'un air malicieux.

Il sort une liasse de billet de la poche arrière de son pantalon et l'agite devant mon nez en ricanant. Je cligne des yeux à plusieurs reprises. Kabukichō ? C'est le quartier le plus réputé pour dépenser son argent dans des endroits peu conventionnel. Centré dans Shinjuku, Kabukichō possède de nombreux établissements de plaisir charnels et de jeux d'argents. Il y a également des loves hôtels et des bars peu fréquentables. Les touristes étrangers s'engloutissent dans ces rues la journée, visitant les endroits emblématiques mais une fois la nuit tombée, les ruelles restent seulement éclairées par les établissements immoraux.

Face à tous les vices que ce quartier peut offrir, je me demande bien dans quel genre d'endroit Saki veut se rendre.

- Pourquoi faire ? demandé-je en plissant les yeux, mettant mes mains dans mes poches.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant