Chapitre 74

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Les yeux rivés sur la silhouette du yakuza, je passe mes bras autour de la nuque de Saki et dévore ses lèvres avec ardeur sans jamais lâcher le regard de Tōji. De son côté, il m'observe de ses yeux gris et son expression reste impassible.

Je ne comprends pas ce que je fais.

Les informations fusent dans mon cerveau et la tension qui m'anime m'envoie des décharges électriques. Mes sens sont en alerte et le sang bouillonne dans mon corps. Je suis parcouru par des picotements désagréable et un gémissement sort de ma bouche lorsque Saki pose sa main sur mon entrejambe.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

J'ai éveillé l'appétit sexuel de mon meilleur ami. Seulement...

-          J'ai envie de baiser, m'avoue-t-il, les yeux dilatés et le souffle chaud.

-          Moi aussi, réponds-je en m'écartant de lui.

J'essuie ma bouche d'un revers de main et bouscule son épaule en me dirigeant vers la porte du personnel. Saki se retourne vivement.

-          Yoshiro ? Où tu-vas ? Yoshiro ! crie-t-il dans l'air.

Mais je ne l'écoute pas. Je reste focalisé sur mon but, sur mon objectif ultime.

Ce n'est pas lui que je veux.

La musique fait écho dans mes oreilles. Je pose une main sur ma tête, la vision trouble. Je laisse glisser une main sur le mur et continue mon avancée, la bouche extrêmement sèche.

Mon estomac s'agite et fait les quatre cents coups mais je ne perds pas pied.

Je le veux. Je le veux tellement.

J'arrive dans la zone réservée aux employés. Un couloir me fait face et il me parait tellement grand. Je grimace, ayant l'impression qu'un marteau-piqueur s'amuse à me perforer le crâne. Par moment, j'ai l'impression que ma conscience quitte mon corps et d'un autre, qu'elle lutte pour me faire retrouver mes esprits.

Le bureau de Tōji est tout proche, je le sens, je le vois... Je m'arrête quelques secondes et balance ma tête en avant, un filet de bave s'écoulant de ma bouche.

J'ai mal à la tête.

La douleur n'est pas assez forte pour me stopper. Elle ne m'arrêtera pas. Rien ne le peut.

Je me poste devant la porte de son bureau et pris d'une vive énergie qui explose à l'intérieur de moi, je l'ouvre en trombe.

Tōji est toujours face à la baie-vitrée, dos à moi. Il tourne seulement la tête sur le côté en entendant la porte s'écraser contre le mur. Lorsqu'il m'aperçoit, ses yeux s'assombrissent. Je m'humecte les lèvres en voyant l'objet de mon désir.

La terreur de mes nuits, l'obsession de ma vie.

-          Ferme la porte, ordonne-t-il froidement en se retournant.

À présent, il me fait face et j'halète en voyant son visage sombre empli d'une colère froide. Ses yeux lancent des éclairs et ses traits sont durcis par la rage qu'il contient. J'avance d'un pas, désireux de le toucher, d'humer son odeur, de me perdre dans ses ténèbres.

-          Tōji... soufflé-je d'une voix étranglée.

-          Ferme-la porte, personne n'est autorisé à voir ce que je vais te faire, coupe-t-il en relevant le menton.

Sa voix grave et débordante d'autorité fait exploser tous mes sens. Mon corps supplie de retrouver le sien. Les larmes me montent aux yeux tandis que je fléchie mes jambes, épuisé par cette lutte intérieure. La sueur dégouline de mon front.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant