Yakuza

Chapitre 99

La lune se reflète sur l'eau foncée et profonde de la mer, apportant un brin de lumière dans l'obscurité de la nuit. Je laisse mes pieds nus être chatouillé par le sable froid et humide. Un frisson me parcourt et je reporte mon attention sur Emiko qui a changée de tenue. La robe en bustier et les bijoux imposants allaient être too much pour la soirée. Nous sommes rapidement passé à l'hôtel pour changer de style vestimentaire. À présent, nous abordons des tenues plus classiques. J'ai gardé la chemise et le pantalon mais j'ai abandonné les chaussures pointues pour chausser mes belles et vieilles baskets délavées. Ma cravate est relâchée et ainsi, j'arbore un air plus décontracté.

Ça me ressemble plus.

Mes baskets en main, je suis Emiko qui se faufile entre les personnes présentes. Akira nous suit, intrigué devant cette population éméchée. Il n'a pas l'air d'être de ce milieu, sans nul doute peu habitué aux festivités.

Il n'est pas prêt, héhé.

La plage est éclairée par des poteaux en bois où pendent des lanternes en métal. Les bars de fortunes défilent et l'alcool coule à flot. Emiko nous amène jusqu'au premier bar, excitée comme une puce.

- Vous voulez boire quoi ? demande-t-elle en se retournant vers nous.

Akira, les mains dans les poches, portant toujours un costume impeccable, hausse mollement les épaules. Il affiche une moue indécise, les sourcils à moitiés froncés. Il n'est pas à l'aise.

- Choisis, réplique-t-il en retenant un soupire.

- Rhum, citron vert et... Non rien d'autre ! m'exclamé-je en souriant grandement.

La musique s'infiltre dans mes oreilles et mon énergie nocturne se réveille. Sans m'en rendre compte, je commence à bouger les épaules et secouer ma tête au rythme de la musique. Emiko m'observe en riant et s'amuse à m'imiter. Elle prend les verres que le barman lui sert et fourre un billet dans la poche de sa chemise hawaïenne.

- On va revenir, bouge pas, déclare-t-elle d'un ton amusé.

Akira prend son verre et inspecte le contenu. Il arbore une moue contrite, assez déçu d'être servi dans un gobelet en plastique. Je lui donne un coup de coude, un sourire malicieux collé sur mes lèvres moqueuses.

- Bah alors ? Où sont passés les grands crus et les cognacs hors de prix ? raillé-je en portant mon gobelet à mes lèvres.

Le jeune homme serre les dents, crispé au possible. Il lance un regard furtif à sa boisson.

- Je suis sûr qu'il y a la mort dans ce verre, répond-il.

- Possible mais on s'en tape, non ? C'est pas cher !

Emiko passe un bras autour de mon cou, doucement amusé. Akira penche la tête en nous observant d'un air étrange.

- C'est ça vos soirées ? Une bande d'alcoolos qui ne sait pas se tenir, de l'alcool bon marché et des gens douteux ? demande-t-il.

- Ouais, réplique-t-on en chœur, clignant des yeux.

Il pousse un soupire et porte son verre à ses lèvres. C'est avec dégoût et désarroi que je le vois boire son cocktail. Emiko explose de rire et tend les bras en l'air, un grand sourire affiché sur son visage.

- C'est ça le meilleur Akira ! Pas de prise de tête, de contrainte, d'étiquette ! Adieu les belles robes et bonjour la liberté ! On peut être qui ont veut ici. Personne ne nous jugera.

Je hoche la tête à ses propos, tout à fait en accord avec elle. De toute façon, si je ne l'étais pas, je me serais mangé une baffe.

- Et puis... Les soirées à la plage sont réputées pour être les plus excentriques. On ne pouvait pas louper ça ! renchérit-elle.