Chapitre 17

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Je n'ai pas cherché à me justifier auprès de ma grand-mère. Je suis censé alléger sa vie et non pas l'encombrer d'avantage. J'ai tenté de la rassurer comme je le pouvais, et lui ai promis d'arranger ça.

Comme un grand, je me suis donc rendu au poste de police pour être entendu. L'histoire paraissait banale aux yeux des policiers mais apparemment, elle pourrait prendre une plus grande ampleur. Minoru Nakajima semble vouloir en découdre et pas par les poings.

Il a compris que j'étais plus fort que lui. N'empêche, ça me met dans une sale situation. Je risque une bonne amende, des travaux d'intérêt généraux et peut-être un casier, dans le pire des cas. Pourquoi je lui ai dit mon nom ? Il m'a retrouvé facilement, ce fils de pute.

Néanmoins, la décision finale se fera au tribunal. La convocation se déroulera au palais de justice, dans dix jours. Bordel, comment vais-je faire ? Je me suis attaqué à un mannequin. Si je lui ai réellement cassé le nez, ça va entacher sa carrière et il se peut qu'il ne puisse plus travailler.

Ce n'est pas pour me déranger mais je vais surement en subir les représailles. Et s'il envoyait Tōji me briser les os ?

Les jours ont défilé et mon cerveau n'a cessé de fuser. J'ai tenté de rassembler des preuves pour justifier ma légitime défense, commençant par réclamer les caméras du club. Emiko m'a affirmé qu'il n'y en avait pas dans la pièce où la bagarre a eu lieu. Toutefois, je n'ai pas abandonné et me suis renseigné pour engager un avocat. Lorsque j'ai appris les honoraires qu'ils demandaient juste pour un simple entretien, j'ai fermé aussitôt mon ordinateur.

Le temps continue de s'écouler et l'étau se resserre. Bientôt, je vais me retrouver au procès sans avoir pu faire quoique ce soit. Alors, à mon grand regret et avec une certaine amertume, j'ai pris une décision que je pense regretter tôt ou tard.

J'ai contacté Tōji. Notre dernier échange s'est avéré catastrophique et... douloureux. Je ne me sens pas capable de lui faire face pour le moment mais la situation me presse. Je suis obligé de réclamer un peu de son aide si j'veux sauver ma peau.

Reste à voir s'il m'aidera.

Son message disait de venir directement à son entreprise, la 'Smart Fondation', qui se trouve à Shinjuku. Ses mots me paraissaient aussi froids qu'habituellement alors je me demande s'il a toujours de la rancœur envers moi. En pénétrant dans l'immense bâtiment aux multiples étages, je me dis que je vais bientôt le découvrir.

A l'accueil, la secrétaire m'indique comment accéder au bureau de Tōji. Je déambule dans les couloirs, manquant de bousculer des gens qui semblent pressés. C'est grand, c'est peuplé et ça m'angoisse. Tout me parait strict et professionnel. C'est une note qui me change du 'Zeitaku' ou encore du 'Moon', ces établissements de nuit assez décontracté.

Je pénètre dans l'ascenseur et tape précipitamment sur le bouton. Je suis seul et ça me rassure. Être en compagnie d'inconnus dans un petit ascenseur, ça a tendance à me rendre anxieux.

En sortant, je me retrouve face à l'homme aux yeux vairons. Ian, si je me rappelle bien. Il baisse la tête pour me regarder, les traits impassibles.

-          C'est toi, Yoshiro Tamura ? dit-il avec un fort accent Anglais.

-          Oui, soufflé-je en l'observant du coin de l'œil.

-          Ok, suis-moi. Le boss t'attend.

-          Chouette.

Je frotte mes mains moites contre mon jean, le visage crispé, me forçant à afficher un sourire forcé.

Ian m'amène au bureau du mafieux, qui se trouve tout au fond du couloir. Il toque à la porte et entre, n'attendant pas qu'on lui autorise d'entrer. Je le suis timidement, me cachant presque derrière son corps grand et imposant. L'homme de main me jette un coup d'œil en haussant un sourcil.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant