Chapitre 8

1.8K 96 23
                                    




Assis en tailleur au sol, j'observe mon bol de riz fumant tout en étant plongé dans mes pensées. Quelques jours sont passé depuis que Tōji m'a rendu visite. J'ai continué les missions pour Isao en tant que livreur. La liasse de billet que m'a apporté le yakuza traine toujours sur ma table basse mais je n'ai pu y toucher. Tout cet argent me parait surréaliste. J'ai seulement livré quelques sachets de drogue, comment puis-je toucher tant d'argent alors que des milliers de personnes se détruisent la santé chaque jour pour gagner à peine le quart ? J'ai tendance à toujours trop penser et mon cerveau manque souvent d'exploser avec toutes les informations qui fusent à l'intérieur. Ce n'est pas ma faute, je suis un pensif, un sensible, un incompris. Je me ronge le sang et torture l'âme depuis que je suis gamin.

Lorsque mes parents sont morts dans un accident de voiture, je me suis retrouvé seul. Certes mes grands-parents étaient présent pour m'élever, surtout ma grand-mère car feu mon grand-père nous a quitté quand j'étais adolescent mais... Au fond, j'étais seul. Seul avec mes pensées, à me torturer l'esprit. Après un diagnostic médical, il s'est avéré que j'étais sujet à de l'anxiété.

Lassé de me torturer l'esprit et surtout pour un psychorigide, je termine de manger mon bol de riz et scroll sur les annonces que j'entrevois sur le net. Livrer de la drogue ne me suffit pas, j'ai besoin de soulager ma conscience en prenant un second travail plus honnête.

Je tombe sur une annonce intéressante. Comme je l'espérais, pour le poste de serveur. Le plus est que ce n'est pas en restaurant mais dans des soirées privées. Le travail sera plus simple et surtout ciblé. Généralement, dans ce genre d'endroit, les rôles sont bien précis. Je postule immédiatement en envoyant un mail avec mes coordonnées puis referme l'ordinateur une fois terminé. Mon téléphone professionnel sonne dans ma poche.

Je sais déjà qui est l'auteur de l'appel. En levant les yeux au ciel, je décroche.

-          Ouais ?

-          Tu comptes te bouger le cul à aller à Harajuku oui ou non ?! cri Isao au téléphone.

-          Alors faudrait peut-être que tu m'envoies l'adresse non, avant ? Au lieu de crier comme un imbécile...

-          Ah. Je te l'envoie en sms, dépêche-toi de les livrer car ces abrutis n'arrêtent pas de me harceler !

-          Ouais, ouais...

Isao raccroche aussitôt. Je pousse un soupire en jetant le téléphone sur la table basse. Comme je le disais auparavant, ce travail n'est pas difficile mais il commence à devenir contraignant. Je me retrouve à faire des livraisons en plein milieu de la nuit, prévenu au dernier moment. Je n'ai jamais le temps d'éteindre ce foutu téléphone.

Je passe une main dans mes cheveux décoiffés en affichant un air boudeur. Je ne devrais pas me plaindre car j'ai un travail qui paye très bien mais au fond, je ne suis pas sur que ça soit fait pour moi. Et encore, comme me dit Isao, je n'ai encore rien vu.

Hélas, je dois assumer mes choix alors je me lève et part aussitôt à la douche.

Une fois propre et prêt, je quitte mon domicile et enfourche mon vélo qui est rangé dans la cour extérieure de mon immeuble. L'adresse noté sur le GPS, je roule dans les ruelles pour rejoindre ce quartier touristique.

Après avoir roulé un bon moment, j'arrive près d'un parc peu fréquenté. Je m'arrête un instant en zoomant sur l'endroit où je dois me rendre. Normalement les clients devraient me retrouver pas très loin d'ici, à l'abri des regards.

Tenant le guidon d'une main et de l'autre le portable, je m'enfonce dans le parc. J'apprécie la tranquillité de cet endroit et ce calme apaisant. Les feuilles sont tombé des arbres et seront bientôt recouvertes de neige. J'avance doucement en écoutant le bruit d'un ruisseau à proximité. Si je m'approche un peu plus, je pourrai apercevoir des carpes koïs mais le temps me presse. Je ne suis pas là pour la détente.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant