Yakuza

Chapitre 47

Après avoir payé le chauffeur de taxi, j'entre dans l'immeuble et rejoint l'appartement de Tōji, prêt à en découdre. J'ai établi un véritable questionnaire dans ma tête et ficelé mes arguments. Je vais le confronter et il n'aura pas son mot à dire.

La clef tourne dans la serrure et je pousse la porte puis pénètre dans le luxueux appartement.

Mon regard dérive directement sur le porte-manteau. Rien. Je tourne la tête et observe le buffet où habituellement il pose ses clefs et ses autres affaires. Rien non plus.

Ce bâtard n'est toujours pas rentré !

Je retire furieusement ma veste que je balance contre le porte-manteau qui manque de vaciller sous mon impulsion et me campe devant le frigidaire. Je n'ai rien bu au bar et là j'ai bien besoin d'une bonne bière. Ça me détendra.

La bouteille décapsulée, je me jette littéralement sur l'immense canapé en cuir qui est en forme de L. Mon bandage est froissé et je vais devoir bientôt le changer. Ma coupure est nette et précise, je ne me suis pas loupé avec le verre à vin.

Un long soupire sort de ma bouche tandis que je bois quelques gorgées de ma boisson fraiche. La soirée tourne en boucle dans ma tête.

Emiko m'a affirmé que Minoru ne viendrait pas au club et pourtant, j'ai bien vu cette saleté déambuler dans la salle et rejoindre le salon de Tōji. Après tout, le yakuza ne m'a jamais dit qu'il avait coupé les ponts avec le mannequin. Ils sont peut-être toujours aussi proche. Je me suis juste bercé d'illusions, comme d'habitude.

Si ce n'était que ça, j'arriverais à le supporter mais il a fallu que la tête de nœud d'Akira se pointe. Déjà que je ne pouvais pas me saquer ce type, c'est encore pire maintenant. Avec son air faussement professionnel, il agit comme s'il était un ancien... Alors que c'est un petit minot ! Ça me fout la rage.

Je passe une main sur mon visage, les traits tirés. Je suis fatigué et pas seulement physiquement.

De toute manière, je vais attendre Tōji, lui en mettre plein la gueule et puis, j'irais me coucher. Je pense que c'est une bonne idée.

Si tu te confrontes au yakuza, tu sais comment ça va se terminer.

Je secoue la tête pour chasser ma petite voix intérieure qui s'amuse à me torturer.

Comment ça va se terminer ? Bien sûr que je le sais. Il va finir avec mon poing dans la gueule !

Grommelant dans ma barbe imaginaire, je termine ma bière et la pose sur la table basse en bois massif. Je me renfrogne dans le canapé. Il ne me reste plus qu'à attendre. Le club est fermé et le soleil ne va pas tarder à se lever, qu'est-ce qu'il fiche ? Pourquoi met-il autant de temps ? Est-ce qu'il a mangé ?

Un peu courbaturé, je m'allonge à moitié et laisse ma tête reposer contre l'accoudoir du canapé.

N'empêche... Je n'ai même pas eu l'occasion de dire à Emiko qu'elle avait assuré pour sa représentation.

Mes yeux se ferment doucement et ma tension se relâche. Je sens le sommeil m'emporter alors que je lutte pour rester éveillé. Je veux vraiment parler à Tōji...

Mais lui, est-ce qu'il veut me parler ? Est-ce qu'il veut me voir ? Je ne suis plus sûr de rien.

Je m'endors en réalisant qu'il ne rentrera pas, comme pratiquement tous les soirs.

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