Chapitre 112

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Avec la lueur de vie dans les yeux, le corps d'Emiko se déploie dans toute sa splendeur. Ses longs cheveux noirs étendus sur l'oreiller reprennent de leur brillance, éclatant de mille feux. Ses pommettes auparavant creuses et livides se couvrent d'une teinte rosée, et ses longs cils noirs entourent ses pupilles vertes qui m'observent silencieusement.

La chaleur irradie dans son corps et la vie reprend le dessus. Tout de même faible et alitée, Emiko cligne lentement des yeux. Ses paupières paraissent lourdes et l'épuisement se forme sur son expression terne. J'approche d'un pas, incertain et peu confiant malgré la joie qui me consume. Est-ce bien réel ? Ai-je bien entendu sa voix ?

Son torse s'élève et elle respire bruyamment, la gorge sèche. Je l'entends avaler sa salive et pousser un soupire las, ses pupilles balayant l'environnement où elle se trouve. Elle ne semble pas étonnée en distinguant la perfusion qui est accrochée à son bras ni la chambre d'ami où elle repose. Peut-être que son manque de réaction est dû à son long sommeil.

- Emiko... ? soufflé-je avec prudence, les membres crispés.

Je suis immobile, presque penché sur le lit, mes yeux vibrants d'excitation. J'ai peur de laisser exploser de joie et de prendre la réalité de plein fouet. Car peut-être que tout ceci n'est qu'un rêve ?

Mais Emiko gesticule sous mes yeux, baille légèrement et pose son regard d'émeraude sur moi.

- Tu ne m'as pas écouté quand je t'ai demandé de l'eau... ? murmure-t-elle en tentant d'aborder un ton moqueur.

Elle glousse légèrement et tousse, portant une main sur sa bouche. Une grimace déforme son joli visage et tire ses traits fatigués. J'ouvre la bouche, incapable de parler. Le choc me rend confus et désarçonné. Elle étire ses lèvres dans un petit sourire et je comprends que mon amie est enfin de retour.

Je pousse une exclamation, un cri de joie, un rire qui frise la folie. L'excitation s'infiltre dans mes veines et tous mes membres s'agitent. Je recule d'un pas, me cognant contre la chaise renversée et tourne la tête vers la porte qui est restée entrouverte.

- EMIKO EST RÉVEILLÉE ! hurlé-je en portant mes mains autour de ma bouche afin de pousser une gueulante. ET RAMENEZ UNE CARRAFE D'EAU !

Il ne faut que quelques secondes pour qu'un troupeau d'hommes déchainés entrent en trombe dans la pièce. Katashi est le premier à prendre place, poussant les autres sans vergogne. Akira manque de s'écraser contre l'encadrement de la porte sous l'impulsion du mafieux.

Il se rue vers le lit et s'arrête brusquement, l'air fiévreux et inquiet.

- Emiko ? souffle-t-il, la voix quelque peu tremblante.

La jeune femme tourne délicatement la tête vers la silhouette de l'homme et lui adresse un doux sourire.

- Tonton, émet-elle prudemment.

- Ma puce, gémit-il en s'asseyant au bord du lit. Comment tu te sens ?

Sa main tremblotante se pose délicatement dans la chevelure de sa nièce, caressant quelques-unes de ses mèches avec prudence. Il la touche avec une délicatesse mesurée, comme s'il craignait de la briser. Les hommes affluent autour du lit et j'entends le bruit sourd du bois qui claque contre le sol. Tōji entre dans la chambre, lentement et posément. Il s'arrête au niveau de l'embrasure de la porte et reste à l'écart, penchant la tête sur le côté pour observer ce beau monde. Choso entre à son tour, une carafe d'eau et des verres dans les mains.

- J'ai l'eau, déclare-t-il solennellement.

Sous le coup de l'émotion, j'émets un petit rire étouffé et passe une main sur mes yeux pour effacer les traces récentes de mes larmes. Je détourne mon regard vers Emiko et tout en silence, l'observe avec un amour démesuré. Katashi continue de lui caresser les cheveux et finalement, il fini par céder à ses émotions. Il retire ses lunettes et se masse l'arête du nez, puis chasse les larmes qui menacent de surgir. La bouche entrouverte, il pousse un soupire ; un soupire mélangé à la fatigue et au soulagement. Tous ses muscles semblent se détendre et en observant son expression, on aurait presque l'impression qu'il retrouve enfin son souffle.

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