Chapitre 5

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En entendant sa phrase, je grimace sans retenu et m'affale un peu plus sur le comptoir collant.

-          Parait-il ouais...

Je n'en mène pas large. Je suis justement venu ici pour oublier cette horrible soirée. Isao ricane et se tourne vers un des barmans qui est déjà occupé à servir d'autres clients.

-          Hey, toi. Prend notre commande, ordonne-t-il naturellement.

Je lève un peu la tête en le dévisageant, trouvant son attitude désobligeante. Le barman grommelle dans sa barbe, termine d'encaisser son client et vient vers nous.

-          Messieurs ?

-          Deux whiskys, réplique Isao.

-          J'ai pas assez sur moi pour payer les verres, dis-je.

-          T'occupes.

Le garçon s'exécute et nous sert rapidement. Etonnement, Isao ne paye pas. Je trouve ça suspect mais prend mon verre avec joie.

-          Et donc, qu'est-ce que tu fais ici ?

-          Du baseball, dis-je en portant le verre à mes lèvres.

L'homme plisse les yeux en restant affichant un air perplexe. Je lève les yeux au ciel.

-          Je me fou de ta gueule. Mais comme tu n'as pas compris, ce n'est pas drôle, ajouté-je d'un ton las.

-          Ah ah. T'es un rigolo toi.

Je hausse les épaules en feignant l'indifférence. Isao boit son whisky cul sec et repose le verre sur le comptoir dans un claquement.

-          Viens avec moi, je vais fumer, dit-il en se mettant en marche.

Je reste un peu surpris et me demande pourquoi il veut continuer la conversation. Je cherche du regard Saki et constate qu'il s'éclate avec ses nouveaux amis. Satisfait de le voir en bonne main, je décide de suivre le rabatteur. Il pénètre rapidement dans un fumoir bien aéré et s'allume une cigarette. Il m'en tend naturellement une que j'accepte avec surprise. Pourquoi pas, après tout.

-          Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ? demandé-je sans grande conviction.

La cigarette à la bouche, je tâtonne mes poches à la recherche d'un briquet que je n'ai certainement pas car je fume rarement. Il me voit en difficulté et allume ma clope avec son propre briquet en métal. J'aime le bruit de cet objet.

-          J'accompagne le boss.

-          Quoi ?

Est-ce que j'ai bien entendu ? Je m'étouffe avec la fumée qui sort par a coup de ma bouche.

-          Je suis pas là pour faire la fête. Tōji-sama est venu racheter la boîte. Tu fumes pas souvent toi non ?

-          Que... Ce bâtard est ici ?

-          Tu devrais faire attention à tes paroles, p'tit, dit-il en me regardant du coin de l'œil.

Son regard est acéré. Je pose une main sur le mur sombre en tentant de garder la face. Je reprends mon calme et tire une bouffée de nicotine.

-          C'est la vérité.

-          T'avais qu'à pas foutre le bordel et encore, tu devrais t'estimer heureux d'avoir encore toutes tes dents, rétorque-t-il en élevant un sourcil.

J'ai envie de lui hurler au visage que ce n'est pas moi qui ai commencé à foutre le bordel mais ça ne servirait à rien. Ça serait simplement remettre la faute sur Saki et je ne peux m'y résoudre. Sa remarque 'bienveillante' me donne la nausée. Oui, j'aurai pu vivre bien pire je crois.

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