Chapitre 46

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C'est un nouveau, je ne comprends pas ce qu'il fait ici et surtout, aux côtés du grand boss. Je le fixe sans m'en rendre compte, perturbé par ce que je vois. Akira porte un costume noir et une chemise blanche. En revanche, quelque chose me tape à l'œil. Au lieu de porter des chaussures classiques, il porte des baskets noirs. Non mais quel clochard ! Qui ose mettre un costume avec des baskets ? Les stylistes de modes seraient prêt à s'étrangler en voyant ça !

Je ricane nerveusement, ahuri. J'ai bien conscience de passer pour un rageux, un frustré mais je n'aime pas ce type. Depuis le jour où je l'ai rencontré, à la planque d'Isao, je n'ai pas pu le sentir. Lorsque nos regards se sont croisés, j'ai senti la foudre fendre l'air.

Je ne suis pas très sensible aux intuitions ni même aux petites voies intérieures car bien sûr, je ne les écoute jamais mais cette-fois ci, je sens que je vais faire un peu plus attention à mon instinct. Les yeux plissés, je suis du regard Tōji et Akira qui traverse la salle.

Je me demande bien ce que ce type fait aux côtés de Tōji. Habituellement, cette place est réservée à Ian et Katashi, ses plus fidèles hommes de mains. Qu'est-ce que ce blanc-bec fout là ? Il vient d'arriver, il devrait continuer à jouer au dealeur, rien de plus !

Je fulmine intérieurement, les narines dilatées. Saki passe une main devant mes yeux.

-          Allô, Yoshiro ! Ça va ? T'es devenu rouge, tout à coup.

-          Ça va, tranché-je un peu sèchement en retournant à la découpe de mes citrons.

Il faut que je me calme. Je suis complètement taré à m'énerver de la sorte. Comme si j'en avais quelque chose à foutre !

Akira s'écarte du mafieux et se poste devant le bar. Je sens sa présence et le couteau que je tiens vibre fortement dans ma main...

Yoshiro, calme-toi.

-          Il faudrait une bouteille de... hésite Akira, en pleine réflexion.

-          De cognac. Il faut du cognac pour Tōji, rétorqué-je brutalement en tournant la tête vers lui, une lueur de défi dans le regard.

Akira blêmit un instant et me dévisage longuement, outré par mon attitude familière.

-          Quelle audace d'appeler monsieur par son prénom ! siffle-t-il, un sourcil levé.

J'émets un ricanement et me tourne vers lui, abordant un air hautain.

-          Ah ouais, je vois le genre. Un toutou de plus, cinglé-je en jouant avec mon couteau.

Saki assiste à notre petite joute verbale d'un air désemparé.

-          Monter en grade ne fait pas de moi un toutou, mais soit, si tu le dis... Mmmh... C'est comment ton prénom déjà ? Yo... Yoshika ? Yoshimo ?

-          Le cognac, mon prénom... T'as pas de mémoire, ça craint pour ta carrière. Tu ne vas pas faire long feu, mon vieux ! soupiré-je.

-          Je voulais juste te montrer à quel point tu es insignifiant mais tu sembles trop bête pour le comprendre, assène-t-il sèchement.

Je le foudroie du regard. J'ai promis de ne pas me battre. J'ai promis.

Je préfère garder le silence car mes nerfs sont sur le point de craquer. Saki installe la bouteille de cognac et plusieurs verres sur une desserte. Il contourne le bar et la pousse vers Akira d'un mouvement de pied.

-          Tiens, ton cognac. Tu l'amèneras tout seul.

Saki croise les bras en dévisageant Akira. Celui-ci peste dans sa barbe inexistante et s'éloigne en poussant la desserte.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant