Chapitre 128

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Tōji


L'hôtel est si agité que les débris tombent des combles. Les lustres en acier pendent au-dessus de moi et gigotent au pas qui émerge de l'étage. Le silence règne dans ce lieu sinistre et ce calme ne présage rien de bon.

J'ouvre une imposante porte en métal et m'insère dans la cage d'escalier qui mène jusqu'au prochain étage. Mon arme fermement tenue en main, je monte les marches avec lenteur, mes sens en alerte. Chaque bruit me fait tourner la tête et chaque nouveau décor renforce ma concentration.

Depuis que j'ai quitté Yoshiro, je n'ai croisé personne. Mais je sais qu'ils sont là. Ils attendent seulement que je tombe dans leur piège.

J'atteins le nouveau palier et entre dans un couloir similaire au précédent. Comme je m'y attendais, il n'y a personne. Les yeux plissés, je continue mon chemin en restant sur mes gardes. Si Isao ne m'a pas menti, Aleksander devrait se trouver sur le toit. L'hôtel est doté d'une piste d'hélicoptère, autrement appelée hélisurface. Il y a de grande chance qu'il prenne la fuite par les airs et cela, je ne peux le tolérer.

Le grincement d'une porte me sort de mes pensées. J'oriente aussitôt mon arme vers l'embrasure, le regard froid et l'expression stoïque. Seules quelques petites souris blanches en sortent et déguerpissent à ma vue. Je pousse un soupire en me massant l'arête du nez.

C'est d'un ridicule.

Mais mes sens ne me trompent jamais. Je relève aussitôt mon arme et fixe la silhouette qui s'avance vers moi. Une arme dirigée en ma direction, Katashi pousse une exclamation en me reconnaissant.

- Je vous trouve enfin ! Que vous ai-je dit sur le fait de ne pas partir seul, Tōji-sama ? Vous ne m'écoutez jamais ! rouspète-t-il en baissant son arme.

- Tu as fait fuir ces petites souris ?

- Je n'aime pas les rongeurs.

- Malotrus.

Mon bras droit semble outré par mes propos. Il me dévisage un instant et jette un coup d'œil sur l'ensemble du couloir.

- Il n'y a personne à cet étage, j'ai fouillé chaque recoin, déclare-t-il.

- Les rats logent plus haut, affirmé-je en retenant un rictus.

- Il semblerait, monsieur.

Sans un mot de plus, Katashi et moi partons en direction de l'étage supérieur.

- Combien sont-ils ? demandé-je subitement.

- Sans compter ceux que nous avons éliminés, je dirai encore une bonne dizaine, répond-il en retrouvant son sérieux habituel.

- À deux c'est faisable.

- Je l'espère, monsieur.

Katashi prend une grande inspiration et s'engouffre dans la cage d'escalier. Les marches continuent d'affluer et j'ai l'impression de ne jamais voir le prochain palier. Nous accédons à un étage auparavant réservé aux clients fortunés. Bien que la décoration soit devenue terne et poussiéreuse, je constate que les meubles sont moins usés. Le Russe doit séjourner dans ces quartiers depuis quelques temps. Il a mené Yoshiro au premier étage pour nous appâter. Le plus difficile reste à faire.

- As-tu des nouvelles des autres groupes ? interrogé-je en gardant mes yeux rivés droit devant moi.

- Les talkies-walkies ne fonctionnent plus mais à travers les fenêtres j'ai aperçu le groupe d'Emiko. Ils ont ramené Yoshiro sur la colline. Il est sain et sauf.

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