Chapitre 71

1.5K 94 2
                                    




Mon esprit quitte mon corps et vadrouille à travers les mondes, se baladant avec légèreté. J'ai du mal à discerner où je me trouve car je ne vois que du blanc. Aucun bruit à l'horizon, je tourne la tête pour analyser l'environnement qui m'entoure. Mais... Il n'y a rien. Ce blanc éclatant m'apporte un sentiment d'angoisse qui se resserre autour de mon cœur.

Il ne se passe rien, je suis seul et pourtant, la nervosité s'empare de moi. Je pose une main sur mon torse, sentant ma respiration devenir plus sifflante. Je suis seul. Je suis seul et toutes mes angoisses passées ressurgissent.

Un son parvient à mes oreilles et je fais rapidement volte-face pour distinguer ce bruit. Tout d'un coup, un tas de voix se mélange et des images défilent sous mes yeux. J'écarquille lentement les yeux en prenant conscience que c'est le cours de mon existence qui s'étend dans cette pièce blanche. Les images sont rapides, à tel point que j'arrive à distinguer que brièvement.

Je reconnais certains visages. Mes parents, mes grands-parents, des amis d'enfances, des professeurs d'école, Saki... Emiko... Ren... Isao ?

Je plisse les yeux, les sourcils froncés. Qu'est-ce que c'est que ce machin ? Je ne comprends rien.

Une vive douleur s'élance dans ma poitrine et je me vois obligé de me mettre à genoux pour lutter contre ce tiraillement. Une grimace sur le visage, je relève la tête en voyant le visage de Tōji apparaître. L'image reste pendant quelques secondes puis se dissout. Aussitôt, une sensation d'étouffement me prend. Je grimace de plus belle, ayant la sensation d'avoir la gorge opprimée.

Comme la veille, je subis de nouveau cette oppression. Cette fois-ci, elle est plus intense, plus virulente. Les larmes me montent rapidement aux yeux et je peine à lutter contre cette emprise. C'est comme si j'étais enroulé dans une toile d'araignée, incapable d'y échapper.

J'ouvre la bouche pour hurler mais aucun son n'en sort. Je suis incapable de parler, incapable d'émettre le moindre bruit.

Les larmes débordent de mes yeux et ruissèlent le long de mes joues. J'ai peur, je me sens seul. Où est-ce qu'ils sont tous ? Pourquoi est-ce que je me sens emprisonné par ce lien invisible ?

Je force sur mes poumons pour hurler, agenouillé au sol. Il n'y a rien à faire, je suis piégé. Je vais mourir. Seul.

Le hurlement que je pousse est tellement perçant qu'il me sort brutalement de mon rêve. Mes yeux menacent de sortir de mes orbites et les larmes coulent à flot le long de mes joues lorsque je me redresse. Les mains à plat sur le matelas, je n'aperçois que l'obscurité. La pièce est plongée dans le noir et le silence demeure. Mon torse s'élève au fil de ma respiration irrégulière.

J'ai cru que j'allais mourir.

Je pose une main sur ma poitrine, haletant et bouleversé. La lumière de la lampe de chevet m'éblouie un instant et je sens aussitôt le corps de Tōji contre moi. Il attrape mon visage de ses deux mains et plante son regard dans le mien.

-          Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me dit-il précipitamment.

Les sens en alerte, il continue de m'observer et semble surpris de me voir pleurer.

Ça me revient maintenant... Nous avons fait l'amour puis après la douche, nous avons mangé et comme il était fatigué, on est parti se coucher.

Je l'observe, essoufflé par ma lutte intérieure. Les larmes continuent de couler sans que je ne puisse les contrôler.

-          J-je ne sais pas... Il y avait ce rêve et c'était tout blanc... J'étais seul... Ma vie défilait rapidement et j'avais cette sensation d'oppression. Je n'arrivais pas à m'en défaire, j'étais bloqué ! haleté-je en tentant de reprendre ma respiration.

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant