Chapitre 100

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Alors que le mafieux ne me lâche pas du regard et jette furieusement son téléphone sur la table ovale, j'avance lentement en sa direction.

-          Où étais-tu ? claque-t-il sèchement. Qu'est-ce que tu faisais ?

-          En soirée, réponds-je en retirant ma cravate farcie de sable.

Tōji me fixe, le corps stoïque. Son aura menaçante se répand dans l'air mais pour une fois, elle ne m'atteint pas. Sans nul doute que l'alcool me protège de sa colère. Le yakuza s'approche d'un pas, me dominant de sa taille imposante. Ses yeux orageux me lancent des éclairs foudroyants et en retour, je lui balance un regard las.

-          Qui t'a donné la permission de sortir ? susurre-t-il entre ses lèvres, aussi glaciales qu'une tempête de neige.

Je relève lentement les yeux vers lui et une ride contrariée se forme entre mes deux sourcils. Il semblerait que la tension qui nous habite depuis quelques jours n'est prête de se dissiper.

-          De quel droit tu te mets en colère ? J'étais en ville, Emiko a informée Katashi, marmonné-je en frottant mes cheveux.

Un début de migraine s'installe dans ma tête et la voix grave du mafieux l'accentue d'autant plus.

-          Vous n'étiez pas en ville, tranche-t-il en plantant ses yeux dans les miens.

Un léger ricanement s'échappe de mes lèvres. Je sors lentement mon portable de ma poche et l'agite sous ses yeux colériques.

-          Ah... Tu es frustré parce que tu n'as pas pu me pister ? C'est ça, le véritable problème ? émet-je en retroussant mes lèvres.

Le whisky bon marché me fait pousser des ailes alors qu'elles vont sans doute finir brûler.

Tōji plisse les yeux, quelque peu déconcerté par mes propos. Il hausse les sourcils et suit mes mouvements du regard, sa mâchoire contractée.

-          Pardon ?

-          Tu comptais me prendre pour un con pendant combien de temps ? craché-je en serrant le portable dans ma main.

Je pourrai me plier à sa volonté, me soumettre à son ton autoritaire, acquiescer à ses reproches acerbes mais je n'en fais rien. L'alcool coulant à flot dans mon sang, je suis pris d'une forte envie de provocation et l'indignation se répand dans mes veines.

-          Je sais que t'as fourré une puce dans mon portable. Et ce depuis notre retour de Corée !

Tōji garde le silence, se contentant de me dévisager. Un rictus désapprobateur s'installe sur ses lèvres retroussées et la frustration se lit dans son regard.

Il l'a donc vraiment fait.

-          Tu me fais si peu confiance, alors ? murmuré-je en calmant le timbre de ma voix.

-          C'était en prévention, répond-il doucement en fronçant les sourcils.

-          Ah oui ? Ça t'a bien servi pour me retrouver à Okinawa ! raillé-je en jetant le portable sur la table.

Les dents serrées, je me tourne légèrement vers lui et le fusille du regard.

-          Laisse tomber les vieilles excuses, c'est juste un moyen de me contrôler un peu plus. Mais ça, c'est terminé, ajouté-je.

-          Yoshiro, grogne-t-il prudemment.

-           T'as voulu me baiser, j'ai riposté. On est quittes, non ?

YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant