Yakuza

Chapitre 6

Les jours ont défilé sans que je ne m'en rende compte. Mon contrat au restaurant où je bossais c'est terminé et depuis, je me retrouve sans emploi alors j'ai passé mon temps libre à postuler dans diverses entreprises sans jamais recevoir de réponse concluante.

Saki est rentré chez lui après avoir décuvé et depuis je me retrouve seul.

J'ai toujours en ma possession la carte de visite que m'a donné Isao. Je n'avais pas une seule fois envisagé de le contacter mais lorsque je vois ma situation financière se dégrader, je me résous à lui envoyer un texto. La réponse ne se fait pas attendre. Il m'indique une adresse dans le quartier de Ueno et de me pointer vers 15h.

Je regarde l'écran de mon téléphone en soupirant, les sourcils à demi-froncés. Ça ne m'enchante guère cette histoire mais ai-je vraiment le choix ? Je ne peux pas faire la fine bouche et il est hors de question de demander de l'argent à grand-mère, elle est déjà assez en difficulté comme ça.

Un peu avant 15h, j'arrive à l'adresse qu'indique le GPS de mon téléphone. Je lève la tête et regarde la boutique devant moi. C'est une laverie et elle est vide. Est-ce une blague ? Il m'a donné une mauvaise adresse ?

Tout de même curieux, j'entre dans la laverie et regarde autour de moi d'un air méfiant.

La porte s'ouvre et Isao entre à son tour. Il sourit en me voyant.

-          Hey, le gamin ! T'es à l'avance.

Je me retourne et range mon portable dans ma poche. J'enfourre mes mains dans les poches de mon sweat à capuche bleu.

-          Tu m'as fait venir dans une... Laverie ? demandé-je en haussant un sourcil.

-          Ce n'est pas qu'une simple laverie, m'informe-t-il en me dépassant.

Je le suis du regard. Isao s'approche d'une machine à laver et la tire vers lui sans difficulté. Le mur révèle en réalité une porte dissimulée. Il l'ouvre et m'incite à entrer. Je cligne des yeux, étonné par ce petit manège secret.

-          ... C'est un truc de yakuza ça ?

-          Non, d'agent secret, dit-il en ricanant.

Finalement, il lui arrive d'avoir de l'humour à celui-là. Je passe la porte en observant tout autour de moi. Tout me semble sombre et je me vois obligé de tâtonner le mur de mes mains pour m'orienter. Isao referme la porte après être entré et la lumière apparait d'un coup.

-          Suis-moi.

J'emboîte le pas pour le suivre et après avoir marché le long du couloir un peu étroit, nous arrivons dans un grand entrepôt fait de taule. J'aperçois un bureau fait à la vite-fait et une sorte de mini 'salon' avec un divan et plusieurs fauteuils. Je constate que nous ne sommes pas seul en voyant des types de toutes les origines décharger des camions, ouvrir des cartons, compter de l'argent sur une table de fortune... Je jette un coup d'œil à Isao qui s'avance dans la pièce. Il se tourne vers moi en écartant les bras.

-          Voici mon repaire. Pas mal, non ?

-          Euh... C'est difficile à dire. C'est un repaire d'sdf ?

-          Ah ah fait le malin. Viens, rit-il.

Il s'avance vers le petit salon que j'avais remarqué et s'assoit tel un roi sur le fauteuil. Il croise les jambes et s'allume une cigarette.

-          Je vais t'expliquer tout ça rapidement alors assied-toi. Tu veux boire un truc avant de commencer ?

-          Non ça ira, dis-je en m'asseyant en face de lui.